Requiem pour le travaillisme ?

La démission d’Amram Mitzna pourrait marquer l’entrée du Labour en « phase terminale ».

Publié le 12 mai 2003 Lecture : 2 minutes.

Il est venu, il a vu, il a été vaincu… En présentant abruptement, le 4 mai, dans une conférence de presse improvisée, sa démission de la présidence du Parti travailliste, où il avait été élu il y a moins de six mois, Amram Mitzna scelle évidemment un échec personnel. Mais il consacre aussi, selon beaucoup d’observateurs et d’éminents travaillistes eux-mêmes, l’entrée en agonie du vieux parti de David Ben Gourion qui avait présidé à la naissance d’Israël et forgé sa puissance.
Échec personnel : populaire parmi les travaillistes du rang (d’où son élection), Mitzna a été mal reçu, d’emblée, par l’establishment du parti. Et ses qualités, unanimement reconnues, de rigueur et d’intégrité, l’ont retenu de s’imposer par les méthodes chères à ses adversaires.
Découragé : « Il n’est pas possible, s’est-il exclamé dans son allocution d’adieu, de diriger un parti avec des gens animés par un esprit d’autodestruction et de suicide politique. Je ne peux prendre la responsabilité d’un parti qui se trouve au bord de la banqueroute économique après des années d’une gestion catastrophique. » Et de fustiger ses collègues de la direction comme des « politiciens qui placent leurs intérêts personnels avant ceux du parti et n’ont cessé de saboter sa politique aussi bien avant qu’après les élections. […] Ils ont préféré me combattre plutôt que de lutter pour la paix et la justice sociale. Je n’ai malheureusement trouvé de partenaires ni dans la plus grande partie de notre groupe parlementaire, ni dans les organes du parti. »
Sans nommer personne, Mitzna, indique-t-on, dirigea visiblement ses critiques contre son prédécesseur Benyamin Ben Eliezer, ex-ministre de la Défense d’Ariel Sharon, le député Matan Vilnai, qui avait récemment reproché à Mitzna de ne pas vouloir un gouvernement d’« unité nationale », et Ephraïm Sneh, qui n’avait pas hésité à préparer avec Ben Eliezer un programme politique différent de celui du chef du parti.
Il n’en a pas fallu davantage à l’une des personnalités les plus respectées de la direction, le député Haïm Ramon, pour déclarer que la démission d’Amram Mitzna pourrait bien signer la fin du parti travailliste. Parlant de ses collègues de l’establishment, il a ajouté que leurs émotions l’avaient emporté sur la logique : « Ils auraient dû comprendre que, du moment où Mitzna avait été choisi, il leur incombait de l’aider et non de le renverser. »
Tandis que le démissionnaire envisage, dit-on, de rejoindre le Meretz, formation d’extrême gauche dirigée par Yossi Sarid, le secrétaire général travailliste Ophir Pines a décidé de convoquer dans les dix jours les instances dirigeantes du parti. Objectif : organiser de nouvelles élections ou choisir un président à titre temporaire. Cette seconde solution semble devoir l’emporter, Ben Eliezer proposant déjà de confier cette fonction au vétéran Shimon Pérès.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires