RD Congo : la honte des Nations unies

Publié le 12 mai 2003 Lecture : 2 minutes.

Alors que tous les regards sont encore tournés vers l’Irak, une guerre bien plus meurtrière fait rage en République démocratique du Congo (RDC). Plus de trois millions de civils congolais sont morts au cours des cinq dernières années. La violence qui se répand au Congo, malgré de nombreux accords de paix et la présence sur place des Nations unies (connue sous son acronyme français, la Monuc), soulève de cruciales questions sur la capacité de la communauté internationale à gérer la menace que représentent les États incontrôlables.

Nulle part dans le monde, à l’exception peut-être de la Somalie et du Sud-Soudan, il n’existe un fossé si dramatique entre les besoins et les ressources humanitaires. Depuis le début de la guerre en 1998, plus d’une demi-douzaine d’armées africaines et de nombreux groupes rebelles se sont affrontés au gré d’alliances mouvantes, pillant honteusement les réserves minérales du pays pour remplir leurs propres coffres.
Au début du mois d’avril, des centaines de civils ont été les victimes d’un massacre à consonances ethniques dans la région de l’Ituri, dans l’est du pays. Où était donc la Monuc lorsque se sont déroulées ces « atrocités inégalées depuis le début de la guerre », selon les mots d’un responsable des Nations unies ? À des milliers de kilomètres à l’intérieur du Congo, loin du creuset du conflit. Sur un total de 5 500 soldats, seulement 8, de surcroît désarmés, se trouvaient alors en Ituri, où les civils sont particulièrement menacés et où la présence des Nations unies reste essentielle.

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Que fait-donc la Monuc au Congo si elle ne sauve pas la vie de ceux qui ont besoin de sa protection ? Beaucoup se le demandent. La Monuc représente la volonté – ou plutôt l’absence de volonté – de la communauté internationale au Congo. La Monuc demeure un tigre de papier, car les membres influents du Conseil de sécurité – en particulier les États-Unis – ne voient pas d’intérêt stratégique au Congo, et n’éprouvent pas le besoin d’investir le capital politique et économique nécessaire à la création d’une présence efficace. Aujourd’hui, la Monuc n’a nullement les moyens de sa tâche. Il faudrait 100 000 soldats bien entraînés, bien équipés, stationnés dans les lieux stratégiques, pour garantir une vraie force de maintien de la paix. Les gouvernements occidentaux devraient accroître leur soutien au Congo tout en restreignant de manière radicale l’aide étrangère qui finance les gouvernements rwandais et ougandais, deux protagonistes ayant intérêt à un conflit prolongé. Le temps est venu de lancer une robuste intervention multilatérale qui ne profiterait pas du vide politique congolais pour engranger des bénéfices économiques et idéologiques.

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