Quatre soldats et un butin

Publié le 12 mai 2003 Lecture : 2 minutes.

Quand la réalité rejoint la fiction… Les studios d’Hollywood avaient imaginé, en 1999, avec le film Three Kings, de David O’Russel (sorti en France sous le titre Les Rois du désert), l’histoire rocambolesque de quatre soldats américains décidés à voler l’or de Saddam sitôt la fin de la première guerre du Golfe sifflée par George H. Bush. Quatre soldats américains sont aujourd’hui mis en cause dans une histoire similaire.
Tout a commencé le 18 avril à Bagdad avec la découverte, dans un des palais de Saddam, de 164 coffres en aluminium bourrés de liasses de billets de 100 dollars. Au total, plus de 650 millions de dollars sont ainsi retrouvés et placés à l’abri le soir même à l’aéroport international de Bagdad, sous la haute surveillance de la police militaire. Pour éviter toute ambiguïté, les officiels américains se dépêchent de déclarer que le pactole devait revenir au nouveau gouvernement de transition mis en place en Irak, avec l’intention de « voir cet argent utilisé pour la reconstruction du pays, au bénéfice de la population ».
Mais le 24 avril, le commandement américain reconnaît que cinq soldats d’une brigade de la IIIe division d’infanterie sont sous le coup d’une enquête interne de l’armée. Ils sont suspectés d’avoir détourné 900 000 dollars, prélevés sur les fameuses cassettes du raïs. Dénoncés par l’un des leurs, ils ont rapidement été arrêtés, et les billets escamotés vite récupérés : 600 000 dollars cachés dans un tronc d’arbre, 300 000 dollars dans le système de refroidissement de l’un des véhicules servant aux transferts de fonds sur l’aéroport. Pour leur défense, les quatre biffins mis en cause ont beau affirmer que les liasses proviennent de domiciles de civils irakiens ayant fui la capitale, les bandes estampillées Banque de Jordanie – les mêmes que celles qui cerclaient les piles de billets découvertes le 18 avril – semblent prouver le contraire. L’enquête suit toujours son cours, et, en attendant ses conclusions, les quatre soldats ont été relevés de leurs fonctions.
Les militaires ne sont pas les seuls à avoir succombé à la tentation ; des journalistes ont également été pris la main dans le sac. Lors de leur retour en Europe ou aux États-Unis, plusieurs d’entre eux ont été arrêtés en possession d’objets provenant de bâtiments pillés après l’effondrement du régime. Dans certaines valises, les douaniers américains et anglais ont notamment mis la main sur des peintures représentant Saddam et sa famille, dépourvues de tout intérêt artistique, mais à la valeur marchande évidente. Ils ont également trouvé un AK47 plaqué or ainsi que plusieurs épées et poignards d’apparat. Les objets ont été confisqués, et certains journalistes inculpés. À commencer par Benjamin Johnson, de Fox News, accusé de contrebande et qui risque jusqu’à cinq ans de prison et 250 000 dollars d’amende. Plus de neuf siècles après Ali Baba et les 40 voleurs, certains contes ont décidément la vie dure à Bagdad.

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