Où se cachent-ils ?
Publié le 13 mai 2003 Lecture : 2 minutes.
Que sont devenus les sosies de Saddam ? C’est la question qui agite le tout-Bagdad, ou du moins ce qu’il en reste. Dans le fameux jeu de cartes distribué aux soldats américains, on ne trouve pas le moindre döppelgänger(*). Ce qui est d’ailleurs étrange, car il est de notoriété publique que le vrai Saddam s’est perdu dans un bunker souterrain en 1980 et que depuis sa disparition, ce sont les sosies, pardon les shabiih qui ont dirigé l’Irak. C’est un sobowtor nommé Bouderbala qui a envahi l’Iran, un benzeri surnommé « l’Imbécile » qui a déclenché l’invasion du Koweït et c’est un certain Mohamed ben Mohamed qui a, à plusieurs reprises, reçu Le Pen et l’a serré dans ses bras puissants. On note aussi un certain Abou Izza, dit « le Paresseux », qui s’était distingué en embauchant son propre sosie pour jouer au sosie de Saddam, ce qui lui permettait de faire coup double (vous me suivez ?). La gestion catastrophique de l’Irak depuis vingt ans est moins la conséquence de l’agressivité d’un seul homme que de l’incompétence d’un bataillon de liims. Pris de remords, l’un d’eux s’est récemment présenté à un barrage de l’armée US.
– S’il vous plaît, arrêtez-moi ! Je suis responsable du massacre des chiites et de la décoration des palais.
Après avoir consulté le jeu de cartes, l’officier secoua la tête :
– Désolé, tu n’es ni l’as de pique ni la dame de coeur, on ne peut pas t’embarquer.
– Mais je suis le joker…
– Ha, ha, très drôle. Dégage ou j’te descends.
Tous les dubbelgangers se sont heurtés à la même intransigeance. Depuis, ils se débrouillent. Bouderbala a été embauché par une société américaine qui loue des lookalike pour animer les soirées des richards de Beverly Hills. Jusqu’à présent, le lookalike le plus demandé était Elvis, mais le Saddam est en hausse. Les enfants peuvent lui tirer la moustache et les dames ne sont pas insensibles à son bel embonpoint. Mohamed ben Mohamed, grâce à ses liens privilégiés avec Lou Penne, a été embauché par Michelin pour y remplacer le bonhomme Bibendum. Quant au « Paresseux », il vend aujourd’hui des cornets de glace aux Tuileries – un petit geste de l’industrie agroalimentaire qui, sous son règne, avait vendu plus de 2 milliards de dollars de produits laitiers à l’Irak.
Mais celui qui fait le plus de peine, c’est quand même « l’Imbécile », qui poireaute depuis des semaines en face de l’ambassade de France, attendant sa réouverture pour y demander un visa. Tout ça parce que des farceurs parisiens lui ont promis un rôle dans « Sosie dans le métro »…
* Comme il n’existe pas en français de synonyme à « sosie », je suis bien obligé de passer par d’autres langues pour éviter les répétitions.
