Ce qu’il faut savoir sur Vsevolod Tkatchenko, cheville ouvrière du prochain sommet Russie-Afrique
Nommé par Vladimir Poutine directeur du département Afrique subsaharienne au ministère russe des Affaires étrangères, Vsevolod Tkatchenko sera l’un des principaux artisans du prochain sommet Russie-Afrique, prévu pour 2022.
C’est le « Monsieur Afrique » du ministère russe des Affaires étrangères (MID). Vsevolod Tkatchenko, 60 ans, a été nommé directeur du département Afrique subsaharienne par Vladimir Poutine, le 28 octobre dernier. Jusque-là bras droit d’Andreï Kemarski, qu’il remplace à ce poste, Tkatchenko avait participé à ses côtés aux préparatifs du sommet Russie-Afrique de Sotchi d’octobre 2019.
S’il est sous la houlette de Sergueï Lavrov, le ministre des Affaires étrangères, et de Mikhaïl Bogdanov, le vice-ministre et envoyé spécial du président Poutine au Moyen-Orient et en Afrique, tous deux plus présents que lui sur le terrain, ce diplomate, qui parle l’anglais et le swahili, prendra toute sa part à la conception et à l’organisation du deuxième sommet, qui doit se dérouler en 2022, cette fois dans un pays du continent.
La nomination de Tkatchenko n’est pas anodine. Relations politiques et diplomatiques, accords de défense et lutte antiterroriste… Depuis quelques années, Moscou renforce sa présence en Afrique, même si les échanges commerciaux (17 milliards de dollars en 2019) avec le continent sont loin d’atteindre ceux de la Chine (plus de 200 milliards).
Renforts en Centrafrique
En 2020, les contrats de ventes d’armes que les Russes ont conclus avec une dizaine de pays africains ont atteint un montant total de 1,2 milliard d’euros, a annoncé, ce 21 février, le patron de Rosoboronexport, l’agence nationale chargée des exportations d’armements.
En novembre 2020, Moscou a signé avec Khartoum un accord prévoyant l’ouverture d’une base navale à Port-Soudan, susceptible d’accueillir 300 civils et militaires, ainsi que quatre navires, dont certains à propulsion nucléaire. Le mois suivant, trois cents instructeurs russes ont été envoyés en renfort en Centrafrique à la veille des élections présidentielle et législatives, alors que des groupes rebelles menaçaient le pouvoir de Faustin-Archange Touadéra.
Parallèlement, les mercenaires du groupe Wagner restent présents en RCA et au Soudan, mais aussi en Libye (aux côtés du maréchal Haftar), au Mozambique (dans le Cabo Delgado), en Angola, au Zimbabwe, à Madagascar…
Ambassadeur auprès de l’UA
Depuis son entrée dans la carrière diplomatique en 1983 et à l’exception d’une parenthèse de trois ans en Grèce, Vsevolod Tkatchenko n’a, justement, cessé de travailler sur les dossiers africains. Après des débuts en Ouganda, il est conseiller dans les ambassades de Russie au Zimbabwe (1991-1996) et en Afrique du Sud (2006-2011). De juin 2014 à mars 2019, il cumule les fonctions d’ambassadeur en Éthiopie avec celles de représentant de son pays auprès de l’Union africaine.
Ces cinq années à Addis-Abeba lui permettent d’étoffer un carnet d’adresses déjà bien rempli au temps où il était numéro deux du département Afrique subsaharienne au MID (2011-2014). Il a retrouvé ce poste en 2019 avant de succéder, le 28 octobre dernier, à Andreï Kemarski, nommé le même jour ambassadeur au Botswana.
Kemarski renoue pour sa part avec le terrain, lui qui a été ambassadeur en Angola et à São Tomé-et-Príncipe (2002-2007), au Mozambique et au Swaziland (2010-2017). La nomination à Gaborone de ce lusophone expérimenté illustre l’intérêt croissant de Moscou pour l’Afrique australe et pour la SADC, tant pour des raisons économiques que stratégiques.
Les grands groupes russes des secteurs des mines et de l’énergie sont en effet déjà bien implantés au Zimbabwe (platine, diamants), en Afrique du Sud, en Angola (mines, armes) et au Mozambique (gaz).
Dossier syrien
Autre mouvement à noter au MID : l’arabisant Alexandre Kinchtchak, 58 ans, s’est vu confier une nouvelle mission. Tout en conservant ses fonctions de directeur du département Maghreb-Moyen-Orient, il a été nommé, le 8 octobre dernier, représentant spécial de la partie russe pour le règlement de la crise syrienne et, à ce titre, participe aux processus de Genève et d’Astana. Kinchtchak avait été précédemment ambassadeur au Koweït, de 2008 à 2013, et en Syrie, de 2014 à 2018.
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