Maroc : les islamistes du PJD au bord du gouffre ?

Démissions, menaces, linge sale lavé en public… le parti islamiste traverse une grave crise. Implosion ou défaite aux prochaines élections, que risque-t-il vraiment ?

Le Marocain Driss Azami Idrissi a démissionné de son poste de président du groupe parlementaire du PJD le 27 février 2020. © Aic Press

Le Marocain Driss Azami Idrissi a démissionné de son poste de président du groupe parlementaire du PJD le 27 février 2020. © Aic Press

Publié le 5 mars 2021 Lecture : 4 minutes.

À en croire la presse marocaine, le PJD – parti majoritaire à la tête du gouvernement – serait en lutte « pour sa survie », en « chute libre » et en « pleine tempête », voire proche de « la fin de partie ». Il faut dire que le Parti de la Lampe a connu une semaine particulièrement compliquée. Le 26 février, Mustapha Ramid, ministre d’État chargé des droits de l’Homme et des relations avec le Parlement, poids lourd du gouvernement depuis dix ans, a présenté sa démission. Avant de rétropédaler, au prétexte que Mohammed VI l’aurait refusée.

Le lendemain, un autre mastodonte du parti, Driss El Azami, ex-ministre du Budget et actuel maire de Fès, a lui aussi décidé de démissionner de la présidence du conseil national et du secrétariat général du parti des « frères ». El Azami s’est même fendu d’une longue lettre il fait part de ses interrogations existentielles : « Ce parti est-il toujours le même ? ». Il déplore notamment les « multiples décisions du parti, qui sont inexplicables et qui ne reflètent ni l’idéologie ni l’ADN du PJD ».

Quelques jours plus tard, c’est au tour d’Abdelilah Benkirane, star du parti et plutôt apaisé ces derniers temps, de brandir des menaces. Dans une note manuscrite envoyée au site d’information en ligne Goud.ma, l’ex-chef du gouvernement (2011-2017) a déclaré : « Si le secrétariat général du parti accepte d’adopter la loi sur le cannabis examinée au gouvernement, je gèlerai mon appartenance au parti. Je me retirerai définitivement de ce parti au cas où les représentants du PJD au parlement approuvent ladite loi. »

Driss El Azami déplore notamment les « multiples décisions du parti, qui sont inexplicables et qui ne reflètent ni l’idéologie ni l’ADN du PJD »

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