Le mystère Lalla Salma

Publié le 12 mai 2003 Lecture : 3 minutes.

Celle qui est aujourd’hui la mère du prince héritier du royaume chérifien reste largement une inconnue pour les Marocains. Si ce n’est lors du dîner officiel du festival de cinéma de Marrakech, en septembre dernier, Lalla Salma n’a fait aucune apparition publique depuis les festivités fastueuses de son mariage, le 12 juillet 2002. Le roi, son époux, l’a parée du titre d’Altesse royale, une première ! La seule qui auparavant avait pu prétendre au titre d’altesse sans justifier de lien de sang avec la dynastie alaouite était la Libanaise Lamia Assolh, épouse de Moulay Abdallah, frère de Hassan II. Mais Son Altesse royale Lalla Salma reste un mystère non élucidé pour les Marocains. Les membres de sa famille restent mutiques lorsqu’on tente de les faire parler de leur prestigieuse parente. Une cousine de la princesse s’y refuse obstinément, arguant qu’il ne lui appartient pas de dévoiler des pans de la vie de l’épouse du roi. Quant à son oncle, le rhumatologue Abdelilah Bensouda, il ne cesse d’éconduire, de plus en plus excédé, les journalistes qui, prenant rendez-vous au prétexte d’une auscultation, lui posent des questions qu’il juge indiscrètes et déplacées.
Les lourdes portes du Palais royal se seraient-elles refermées sur cette brillante ingénieur informaticienne ? Il n’en est rien. Les rares personnes qui l’ont approchée et qui se montrent un peu loquaces attestent de son caractère bien trempé.
Selon des sources concordantes, en effet, l’autorité naturelle de Lalla Salma l’a rapidement imposée au sein du palais, où elle règne en maîtresse de maison, sans que nul ne conteste ses décisions. Sa proximité avec le souverain a-t-elle fait d’elle, comme sous d’autres cieux, un centre de pouvoir aussi discret qu’influent ? L’imaginer serait mal connaître le Maroc, même si Lalla Salma est tout sauf une potiche. Un proche collaborateur du roi, qui avait cru bon de prendre une seconde femme en catimini, en outrepassant la loi, a pu s’en rendre compte. Son épouse légitime a confié son désarroi à Lalla Salma, et le collaborateur en question a été discrètement sanctionné. La jeune princesse a aussi, selon une source fiable, beaucoup voyagé, et sa grossesse ne l’a nullement empêchée d’aller et de venir à sa guise. Destination de prédilection : les États-Unis, New York plus particulièrement. Elle aime y faire son shopping et se promener, en anonyme, mais dûment escortée par ses gardes du corps, dans les rues de Manhattan. Pieuse, elle a également fait le déplacement à La Mecque, en novembre dernier, pour la omra (petit pèlerinage), accompagnée de membres de sa famille.

Le nouveau statut de Lalla Salma ne lui a pas fait oublier les personnes qui lui sont proches. Le 1er mai, elle rendait visite, le ventre rond, à sa grand-mère, qui habite toujours le modeste appartement du quartier populaire de Akkari, à Rabat, où la princesse a grandi. La vieille dame avait, dans les premiers temps du mariage, accepté de déménager pour une villa située dans un quartier chic de Rabat… avant de se raviser. On ne change pas les habitudes d’une grand-mère, sur laquelle le faste et le luxe d’une vie facile n’ont aucune prise. Une semaine auparavant, Lalla Salma venait voir une autre personne qui lui est chère : son oncle Abdelilah Bensouda, qui, lui non plus, n’a rien changé à ses habitudes. Il habite toujours le premier étage d’une petite maison située dans un modeste quartier de la capitale.
Son père, Abdelhamid Bennani, enseignant de lycée à la retraite, habite toujours Fès, avec sa seconde femme et deux de ses trois filles, les demi-soeurs de Salma. L’aînée de celles-ci, Zineb, est actuellement étudiante en deuxième année dans une école d’architecture de Rabat. Elle vit dans une modeste chambre d’étudiant, au sein du Centre pédagogique régional de la capitale, et se rend, tous les week-ends, à Fès, chez ses parents. Quant à la soeur aînée de Salma, Meriem, elle exerce en tant que médecin au CHU Avicenne de Rabat.

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Lalla Salma ne renie rien de ses origines populaires. Elle dispose de cette richesse supplémentaire de bien connaître la société marocaine, pour ne l’avoir pas uniquement contemplée à travers les vitres fumées d’une berline, mais pour l’avoir côtoyée, tous les jours, de longues années durant. Elle connaît ses maux, ses problèmes, ses carences. La mère du prince héritier est une fille du peuple. Elle vient de se doter d’un secrétariat particulier, signe que peut-être, désormais, l’épouse de Mohammed VI prendra une part plus active à la vie publique.

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