À la nursery
Publié le 12 mai 2003 Lecture : 2 minutes.
Financial TimeS
Faisons un petit tour à la nursery. George dit qu’il n’a pas de place pour Jacques dans le ranch. Il refuse de prendre Gerhard au téléphone. Vladimir trompe Tony avec Gerhard et Jacques. Tony demande à Jacques qu’il cesse de jouer les Napoléon. Pour Guy (c’est le valeureux petit Belge), que l’Europe ait une armée ou non, tout le monde s’en moque. Rien ne l’empêche de se construire un beau QG. Quelqu’un qui se prénomme Jean-Claude, originaire d’un pays qu’on appelle le Luxembourg, est prêt à donner un coup de main. De retour au Pentagone, Donald déclare : « Diplomatie, connais pas, il n’y a que la guerre. » Il n’oubliera jamais que la Vieille Europe ne lui a pas montré le respect auquel il a droit quand il se rend à l’Otan.
Peut-être devrions-nous nous contenter de rire du ridicule de ceux qui nous gouvernent. Les laisser se faire plaisir. Les imaginer autour de la table, le mois prochain, au sommet du G8 à Évian. Tony souriant à George, les six autres leur faisant grise mine. Un verre de bourgogne, George ? Ah, vous avez apporté du rioja de José María. Bien sûr. La France peut admettre que l’Espagne fait elle aussi partie de l’Europe. De temps en temps. Un peu de foie gras, Monsieur le Président ? Il n’était vraiment pas indispensable de faire venir le goûte-plats de Saddam.
Mais en voilà assez. Il est trop facile de faire des gorges chaudes des petites jalousies et des vanités blessées des grands du monde libre. En vérité, nous devrions plutôt avoir peur. Voici des hommes auxquels nous avons confié notre sécurité et notre prospérité. Depuis le 11 septembre 2001, ils nous répètent que nous sommes menacés par le terrorisme mondial et par la prolifération des armes de destruction massive. L’économie mondiale est à la dérive. Que font-ils ? Ils se tirent dans les pattes.
Oussama (le nom vous dit quelque chose ?) se balade dans la nature. L’Irak est au bord du chaos. La Corée du Nord se fabrique des bombes nucléaires. Les Palestiniens et les Israéliens s’entretuent. Et George surfe une heure sur Internet pour réserver un appartement à Genève afin de ne pas passer une nuit sous le même toit que Jacques.
