Ils font parler d’eux…

Intellectuels ou entrepreneurs Des parcours personnels qui témoignent de la vitalité de la société civile malienne.

Publié le 12 mai 2003 Lecture : 2 minutes.

Koman Doumbia : De la cola aux piles Wonder
Lorsque, en 1954, il quitte son village natal de Karan, à une centaine de kilomètres à l’ouest de Bamako, pour la capitale, Koman Doumbia ne peut s’imaginer la success story qu’il va vivre. Il est l’exemple type du self-made man qui n’a pas fréquenté l’école et a gravi l’échelle sociale à force de travail.
Au début des années soixante-dix, il vend de la cola au détail, ce qui lui rapportera suffisamment d’argent pour lui permettre de se lancer dans la distribution des piles Wonder au Mali. En 1975, il crée même une usine de fabrication de piles électriques, la Somapil. Au fil des ans, il va « grandir » et se diversifier. En 1987, il fonde la National Transit, société devenue l’un des principaux transitaires maliens. Son petit empire s’étend ensuite à l’immobilier, avec la construction de trente villas haut de gamme à l’occasion de la Coupe d’Afrique des nations 2002, et à l’industrie chimique, avec le lancement de Frodeba, une unité de production d’engrais à partir de matières organiques. Aujourd’hui, Koman Doumbia est l’un des premiers employeurs du Mali : sept cents personnes travaillent dans une dizaine de sociétés lui appartenant.
Investir dans son pays, donner du travail à ses compatriotes, créer de la richesse… Telle est la manière dont il entend servir son pays. « On n’a pas besoin de faire de la politique pour être utile, scande-t-il. On participe plus efficacement à la construction du Mali par l’économie. » Ami du président Amadou Toumani Touré, Doumbia a été fait chevalier de l’Ordre national du Mali, pour services rendus à la patrie…

Aminata Traoré : Militante antimondialisation
Portraits. Intellectuels ou entrepreneurs… Des parcours personnels qui témoignent de la vitalité de la société civile malienne.
Elle a beaucoup fait parler d’elle lors du IIe Forum antimondialisation, qui s’est tenu à Porto Alegre, au Brésil, du 31 janvier au 5 février 2002. Pas à cause de ses grands boubous aux couleurs de son pays, mais pour ses prises de position. Aminata Traoré est apparue comme la plus grande voix africaine contre la mondialisation néolibérale. Cette Malienne de 56 ans, ministre de la Culture d’Alpha Oumar Konaré de 1997 à 2000, est une femme de conviction.
Militant pour une Afrique plus soucieuse du bien-être de ses enfants, elle a organisé, début janvier 2002, avant de se rendre au Brésil, le Ier Forum social africain. Devant un large panel d’intellectuels et de responsables d’organisations non gouvernementales originaires des cinq continents et réunis à Bamako, elle en a profité pour fustiger le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad). À ses yeux, celui-ci se borne à reconduire les mêmes réformes, s’adressant à des interlocuteurs du Nord qui ont toujours la même perception de l’Afrique.
Aminata Traoré prolonge son combat dans l’écriture. Au début de l’année 2002, elle a publié à Paris un ouvrage d’anthologie sur sa propre expérience, intitulé Le Viol de l’imaginaire. Un cri de révolte contre « la douleur d’une Afrique pillée et marginalisée par les maîtres du monde », parmi lesquels figurent en bonne place les institutions financières internationales. À Bamako, elle a ouvert deux restaurants – le San Toro et le Djenné -, véritables lieux de vie et de culture où, accessoirement, l’on mange très bien…

la suite après cette publicité

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires