Présidentielle au Tchad : Idriss Déby Itno, seul contre tous ? 

À un mois du scrutin présidentiel du 11 avril, Idriss Déby Itno se dresse une nouvelle fois en hyper favori à sa succession, d’autant que plusieurs poids lourds de l’opposition, d’abord candidats, ont annoncé qu’ils se retiraient du processus électoral. Tout est-il vraiment joué d’avance ? 

Idriss Déby Itno (d.) et ses opposants Saleh Kebzabo, Ngarlejy Yorongar et Succès Masra. © AFP-GRIVELET-FOURNIER MONTAGE JA

Idriss Déby Itno (d.) et ses opposants Saleh Kebzabo, Ngarlejy Yorongar et Succès Masra. © AFP-GRIVELET-FOURNIER MONTAGE JA

MATHIEU-OLIVIER_2024

Publié le 8 mars 2021 Lecture : 5 minutes.

Ce 28 février, une série de détonations retentissent à N’Djamena, dans le quartier de Karkadjiye. Depuis la veille, des policiers tchadiens y font face à des partisans de l’opposant Yaya Dillo Djerou, qu’ils sont venus interpeller à son domicile. Les forces de l’ordre sont sur les nerfs. Dans un premier assaut, trois de leurs hommes ont été blessés par balles. Ils ont répliqué et demandé du renfort. 

Dans des circonstances encore floues, deux proches de Yaya Dillo Djerou ont été tués, dont sa mère. La vieille femme a-t-elle tenté de s’interposer, de mettre fin à l’escalade ? A-t-elle été victime d’une « balle perdue » ? La tension est montée, inexorablement. Les policiers affirment distinguer des tireurs sur les toits. Ils appellent cette fois l’armée en soutien. Des chars se positionnent, pour couvrir les sorties de la résidence. L’un d’eux est attaqué, son conducteur tué. 

La tentative d’interpellation prend des airs d’opération de guerre, au beau milieu de la capitale. Depuis des mois, les autorités tchadiennes tentent d’amener l’ancien ministre et conseiller à la présidence Yaya Dillo Djerou devant la justice, en exécution de deux mandats d’arrêts, notamment délivrés à la suite d’une plainte (qui a déjà fait grand bruit) déposée en mai 2020 par la Première dame Hinda Déby Itno pour injures et diffamation. 

Un assaut qui peut tout changer ? 

Depuis mai, l’opposant a fait profil bas. Il a passé beaucoup de temps dans sa région natale de Tiné, à l’extrêmeest du pays, à la frontière avec le Soudan. Interrogé en juillet sur ses terres, entouré de ses proches, il a ensuite refusé de se rendre à plusieurs convocations dans la capitale. Mais, le 26 février, l’ancien rebelle, rallié à Idriss Déby Itno en 2007, a finalement déposé son dossier de candidature pour le scrutin présidentiel, à N’DjamenaLe 27, la police se dirige vers son domicile. 

Après deux jours d’affrontements, Yaya Dillo Djerou est exfiltré par ses proches, dans la nuit du 28 février au 1er marsIl est désormais en fuite. Ces événements ont-ils changé la donne pour le prochain scrutin présidentiel ? La Cour suprême a en tout cas rejeté le 3 mars la candidature de Dillo Djerou, désormais fugitif, au motif qu’il avait été investi par un regroupement de partis non reconnu par le ministère de l’Administration du territoire et que son acte de naissance n’était pas conforme. 

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