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Publié le 12 mai 2003 Lecture : 2 minutes.

Les Maliens se souviendront longtemps de Seydou Kéita. Spécialiste du portrait posé, ce photographe a vu défiler le tout-Bamako devant son objectif. En buste ou en pied, seul, en couple ou en famille, une rose à la main ou à la boutonnière, il fixa sur négatifs des générations de Bamakois, changeant le décor de son studio au gré de son inspiration. Kéita est décédé le 22 novembre 2001 à l’âge de 78 ans. Mais ses clichés ont fait des émules, et sa succession semble aujourd’hui assurée. Le 25 octobre prochain à Göteborg (Suède), son compatriote Malick Sidibé sera le premier Africain à recevoir le prix international de la photographie 2003 de la fondation Hasselblad, l’une des distinctions les plus prestigieuses de la spécialité. Au même moment, la capitale malienne, transformée en haut lieu de création picturale en Afrique, accueillera la cinquième édition de la Biennale de la photographie de Bamako.
Connu pour ses productions d’or et de coton, réputé pour son expérience démocratique, le Mali fait désormais aussi parler de lui par ses ambitions culturelles. Dans le domaine de l’édition, le festival étonnants Voyageurs, qui a eu lieu en février dernier, est devenu un rendez-vous prisé du monde littéraire. En matière d’arts scéniques, le festival du Théâtre des réalités, fondé en 1996, se tient chaque année au mois de décembre, sur une dizaine de jours, au pays du koteba (théâtre traditionnel). Rien d’étonnant à ce que Bakary Sangaré, fils du pays originaire d’un petit village du Sud, soit le premier Noir à avoir pris pension sous les augustes lambris de la Comédie-Française. Il avait de qui tenir !
De nombreux événements jalonnent aujourd’hui le calendrier malien, multipliant les manifestations non seulement dans la capitale, mais aussi en province. De Kayes à Mopti, de Sikasso à Tombouctou, les productions se décentralisent. Elles s’égarent même au beau milieu des dunes du Sahara, qui hébergent chaque année, l’espace de trois jours, le Festival du désert. Malgré la difficulté qu’éprouvent toujours les populations à accéder aux produits culturels, malgré les handicaps que rencontrent encore les artistes pour vivre de leurs talents, la politique culturelle affiche un dynamisme certain. De quoi concurrencer le Burkina, à qui le Fespaco a permis de se bâtir une réputation. Le Mali revendique lui aussi des prétentions dans un domaine souvent délaissé par les États subsahariens, faute de budget. Malgré les moyens limités de l’administration, les initiatives individuelles se multiplient. À l’instar d’une Aminata Traoré mobilisant les intellectuels africains pour lutter contre les effets pervers de la mondialisation, dans le sillage d’un Cheick Oumar Sissoko, cinéaste militant devenu ministre de la Culture, la société civile se mobilise pour promouvoir la créativité. Un peu comme le photographe Seydou Kéita, qui fut à la fois portraitiste attitré de la société malienne, témoin de son époque, et pionnier dans son genre…

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