Tullow Oil décide de divulguer ses paiements aux gouvernements

La société pétrolière britannique Tullow Oil devient la première compagnie du secteur à divulguer ses paiements aux gouvernements étrangers au niveau de détail exigé par les militants anti-corruption.

Grâce à ses découvertes pétrolières et gazières du Ghana au Kenya, les réserves de Tullow atteignaient 380 millions de barils équivalent pétrole à la fin 2013. © AFP

Grâce à ses découvertes pétrolières et gazières du Ghana au Kenya, les réserves de Tullow atteignaient 380 millions de barils équivalent pétrole à la fin 2013. © AFP

Publié le 26 mars 2014 Lecture : 3 minutes.

Une étape importante vient d’être franchie dans le combat pour la transparence dans l’industrie pétrolière. La super junior britannique Tullow Oil vient d’annoncer qu’elle allait divulguer tous ses paiements aux gouvernements, conformément aux exigences des ONG anti-corruption. Cette initiative de la part de l’un des grands acteurs du secteur pétrolier en Afrique donne un élan nouveau à une dynamique de transparence qui a rencontré une résistance féroce chez certains membres de l’industrie.

« Cette information est diffusée dans le cadre de notre engagement à veiller à ce que nos paiements aux gouvernements des pays dans lesquels nous travaillons soient faits en toute transparence », a déclaré Tullow en amont de la publication de son rapport annuel contenant ces nouvelles informations. Le groupe coté à Londres a déclaré que ses révélations seraient conformes à une directive européenne qui obligera les compagnies pétrolières et minières à publier les taxes, les redevances et les autres paiements à des gouvernements étrangers.

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Projet par projet

Les nouvelles règles de l’Union européenne, qui devraient entrer en vigueur au Royaume-Uni cette année et dans l’ensemble du bloc l’année prochaine, prévoient des rapports projet par projet. Les partisans de la divulgation « projet par projet » soutiennent qu’un moindre niveau de détail entamerait l’objectif déclaré de ces nouvelles mesures de transparence consistant à aider les citoyens des États riches en ressources naturelles à lutter contre la corruption et la mauvaise gestion qui accompagnent souvent l’exploitation de ces richesses.

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Cependant, en Juillet, l’American Petroleum Institute, qui compte ExxonMobil et Chevron parmi ses membres, a remporté une décision de justice qui force la Securities and Exchange Commission (SEC), le gendarme de la Bourse américaine, à reconsidérer son projet pour faire respecter la divulgation projet par projet en vertu des dispositions de transparence incluses dans la loi de réforme financière Dodd-Frank de 2010.

L’API fait valoir que la divulgation de telles informations se ferait au désavantage des entreprises américaines par rapport à ses concurrents soumis à des règles plus souples. L’organisme veut que les régulateurs ne publient que des données agrégées moins détaillées, basées sur les données de paiement transmises de manière confidentielle par les entreprises. « La SEC peut édicter des règles qui répondent à leurs obligations juridiques afin de promouvoir la transparence, tout en protégeant la compétitivité internationale des entreprises », a déclaré l’API.

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Les compagnies pétrolières devraient suivre l’exemple de Tullow et admettre que la déclaration projet par projet est la nouvelle norme mondiale.
Dominic Eagleton, Global Witness

« Nouvelle norme mondiale »

Dominic Eagleton, chargée de campagne à Global Witness, une ONG anti-corruption basée à Londres, cité par le Financial Times, a déclaré que, « au lieu d’essayer d’affaiblir les règles de transparence visant à lutter contre la corruption et la pauvreté dans les pays tributaires des ressources naturelles, les grandes compagnies pétrolières devraient suivre l’exemple de Tullow et admettre que la déclaration projet par projet est la nouvelle norme mondiale ».

Grâce à ses découvertes pétrolières et gazières du Ghana au Kenya, les réserves de Tullow atteignaient 380 millions de barils équivalent pétrole à la fin 2013, année durant laquelle la société a réalisé un chiffre d’affaires de 2,6 milliards de dollars. Début mars, elle a été obligée de suspendre un forage au large des côtes guinéennes après que son partenaire américain Hyperdynamics a été mis en examen par les autorités américaines pour d’éventuelles violations des lois anti-corruption.

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