Abel Goumba à Paris

Le vétéran de la politique centrafricaine a pris son bâton de pèlerin pour vaincre les dernières réticences suscitées par le nouveau régime.

Publié le 12 mai 2003 Lecture : 2 minutes.

«Ce n’est pas un putsch, c’est une révolution ! » Abel Goumba n’en démord pas. Pour le Premier ministre centrafricain, nommé par le général François Bozizé peu après sa prise du pouvoir, le 15 mars, la légitimité du nouveau régime en place à Bangui ne souffre aucune discussion. Le vétéran de la politique centrafricaine a donc pris son bâton de pèlerin pour vaincre les dernières réticences suscitées par son équipe.
Première étape : Paris, pour une visite de travail entamée le 6 mai et au cours de laquelle il devait rencontrer le ministre délégué à la Coopération et à la Francophonie, Pierre-André Wiltzer. Ce qui équivaut de facto à une reconnaissance par Paris du régime mis en place par François Bozizé, qui s’était d’ailleurs réfugié en France avant de rentrer au pays les armes à la main. « Il ne s’agit pas d’un coup d’État pour autant, souligne Abel Goumba. Mais l’opposition politique ne pouvait venir à bout du régime de Patassé qui refusait l’alternance. La force militaire a été déterminante. »
Pour le gouvernement français, cette visite a été présentée comme « l’occasion de faire le point sur l’évolution de la situation en Centrafrique, ainsi que sur le rôle que la France peut jouer pour faciliter la transition démocratique et la conduite du dialogue national à un moment où le pays a besoin d’être reconstruit ». Il est vrai que Paris est concerné à plus d’un titre. L’ancienne puissance coloniale maintient à Bangui un contingent de trois cents soldats dépêchés au lendemain du coup d’État du général Bozizé, et continue d’apporter un soutien logistique et financier à la force de paix de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) déployée à la fin de 2002.
Mais c’est surtout sur l’aide diplomatique de Paris que compte Abel Goumba, en quête d’appuis financiers pour mener à bien le processus de transition devant déboucher sur l’organisation d’élections générales : « Il nous faudra trouver au moins 4 milliards de F CFA pour organiser les consultations électorales, sans compter le désarmement des milices et la restructuration des forces armées. Et continuer à payer les fonctionnaires qui ont accumulé jusqu’à trente-six mois d’arriérés. À l’occasion de mon passage à Paris, j’ai rencontré des étudiants qui n’avaient pas touché leur bourse depuis quatre ans ! »
Pour l’heure, Goumba, qui jouit d’une réputation d’honnêteté, est parvenu à maintenir le consensus de toutes les forces politiques centrafricaines autour de son nom. Surnommé « Mains Propres », il entend poursuivre sa tâche jusqu’au terme de la transition – un bail de dix-huit à trente mois – et organiser le Dialogue centrafricain susceptible de sceller la réconciliation de ses administrés. Sera-t-il candidat à l’élection présidentielle qui suivra ? « Cela ne me préoccupe pas », bougonne le vieil opposant, comme si la question était indécente. Son patron, François Bozizé, s’est déjà prononcé sur le sujet en annonçant qu’il ne briguerait pas la présidence de la République à l’issue de la transition. Qui vivra verra…

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