Villes en surchauffe
Éviter une augmentation de la température en zone urbaine devient un vrai défi scientifique.
Tout le monde a pu le constater, en été, il fait plus chaud en ville que dans la campagne environnante. Ces microclimats accroissent l’inconfort des habitants et renforcent d’autres nuisances, comme la pollution. Même les petites villes sont touchées. Des agglomérations de moins de mille habitants peuvent générer une surchauffe de 2 °C, mais habituellement ce phénomène augmente avec la taille de la ville.
Parmi les records, des élévations de 4 °C ont été enregistrées à Singapour et jusqu’à 6,5 °C à Kuala Lumpur, en Malaisie. Ces pics de température sont généralement enregistrés les nuits d’été lorsque le vent tombe. La connaissance de l’origine de cette surchauffe, baptisée « îlots de chaleur urbains » (ou urban heat island) par les spécialistes a progressé ces dernières années. Les scientifiques s’y intéressent de très près afin de trouver des remèdes à moindre coût.
Parmi les nombreuses causes connues, toutes n’ont pas la même importance. Ainsi, les moteurs des voitures et des bus produisent directement de la chaleur, et la pollution atmosphérique induite contribue elle aussi à piéger la chaleur du soleil. Mais la cause principale est plutôt à chercher du côté des choix architecturaux et urbanistiques. Le revêtement des routes, la peinture des immeubles, leur hauteur, la disposition des rues, tous ces éléments sont prédominants. Plus ils retiennent la chaleur du soleil et empêchent le vent de circuler, et plus il fera chaud.
Typiquement, les murs blancs des villes du Sud sont appropriés pour éviter la surchauffe. Les arbres et les surfaces d’eau ont aussi un effet rafraîchissant. C’est l’effet oasis. Addis-Abeba, en Éthiopie, ne connaît pas de surchauffe en saison humide lorsque la végétation est verdoyante. En saison sèche, lorsque le rôle protecteur des feuilles diminue, la surchauffe atteint 2,7 °C. De même, la capitale du Botswana, Gaborone, connaît une surchauffe moyenne de 2 à 3 °C la nuit, alors que les zones avec beaucoup de végétation sont en revanche plus fraîches de 2 °C et plus humides.
Autres facteurs essentiels, la forme et la disposition des immeubles conditionnent la présence de l’ombre et des courants d’air. Afin de ne pas bloquer les vents rafraîchissants, venant par exemple de la mer ou d’une rivière proche, les rues doivent être orientées dans le sens du vent et ne pas bloquer sa circulation. Des règles précises sont à respecter : les immeubles ne doivent, par exemple, pas être plus de quatre fois plus hauts que la largeur de la rue. De manière générale, les immeubles de petite taille sont préférables. Un compromis doit être trouvé entre la présence d’ombre, obtenue avec des bâtiments resserrés, et une circulation d’air, qui nécessite des avenues suffisamment larges. Des simulations informatiques ont été développées comme à Berkeley en Californie par l’équipe du Heat Island Group. Ils aident les urbanistes à prendre les bonnes décisions, en fonction de la géographie et des conditions climatiques spécifiques à chaque ville.
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