Tunisair : Khaled Chelly, manager « classique », est-il la personne qu’il faut pour révolutionner l’entreprise ?

Après les fortes turbulences de ces derniers mois, le profil du nouveau PDG de la compagnie publique Tunisair doit ramener le calme et impulser une politique commerciale plus agressive.

Khaled Chelly © Hichem

Khaled Chelly © Hichem

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Publié le 10 mars 2021 Lecture : 2 minutes.

« Pour que tout change, il faut que rien le change. » En Tunisie, on a renversé le traditionnel adage pour sauver la compagnie aérienne.

À première vue, la nomination, la semaine dernière, de Khaled Chelly au poste de PDG du groupe (qui comprend, avec Tunisair, cinq autres sociétés) est un retour à la normale après l’échec de la nomination de l’iconoclaste Olfa Hamdi.

À 54 ans, l’homme a déjà occupé des positions clés au sein du groupe : directeur adjoint général (2012-2014), deux fois DG de la filiale Tunisair Express (2012 et 2014-2015) ou encore représentant pour l’Europe centrale et l’Amérique du Nord, poste qu’il occupait jusqu’à sa désignation.

Mais c’est davantage pour cette dernière expérience, pourtant moins prestigieuse sur le papier que pour son passage comme DGA, que Khaled Chelly a été choisi par le gouvernement.

Discours commercial offensif

Le ministre des Transports, Moez Chakchouk, a affirmé le 8 mars en commission parlementaire que Tunisair ne devait pas « renoncer à sa position sur le marché international ». Un discours commercial offensif qui tranche avec la tendance depuis plusieurs mois de fermer les lignes les moins rentables.

Ouverte en 2016, la ligne Tunis-Montréal a été l’une des dernières marques d’essor de la compagnie à la Gazelle. C’est cette expérience internationale, que Khaled Chelly, qui vit toujours à Montréal avant son très prochain retour à Tunis, devra insuffler et développer.

Pour ce faire, il pourra compter sur une flotte remise à niveau : outre les 15 avions opérationnels, 18 avions devraient être réhabilités d’ici à juillet, a ainsi promis Moez Chakchouk.

Un initié pour aplanir les différends avec les partenaires

L’État compte aussi sur la fine connaissance du secteur aéroportuaire de ce diplômé de l’Institut des hautes études commerciales de Carthage (1990) pour régler les passifs de Tunisair avec ses partenaires.

Il a été le représentant de l’International Air Transport Association (IATA) pour l’Afrique du Nord (2009-2012) avant de piloter l’Office de l’aviation civile et des aéroports (OACA, entre 2015 et 2018).

Or, depuis des mois, la filiale tunisienne de TAV Airports – société turque appartenant au groupe français ADP – qui gère les aéroports d’Enfidha-Hammamet et de Monastir, réclame 20 millions d’euros d’arriérés à Tunisair. Khaled Chelly aura donc la tâche d’aplanir ces différends pour permettre au groupe de redécoller sereinement.

État de grâce

S’étant frotté à l’UGTT au cours de sa carrière, Khaled Chelly ne devrait pas commettre l’erreur de sa prédécesseure de braquer la puissante centrale syndicale contre lui. Il devrait même bénéficier d’un certain état de grâce, tant la direction centrale de l’UGTT avait fait du départ d’Olfa Hamdi un préalable à toute négociation.

En 2020, les revenus de Tunisair ont chuté de 70 % pour atteindre 483 millions de dinars (147 millions d’euros) alors que son endettement frôlait le milliard de dinars.

Le ministre du Transport compte sur Khaled Chelly pour redresser le manche afin d’atteindre 673 millions de dinars de revenus à la fin de l’année.

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