Covid-19 : le carton jaune de la Banque d’Algérie aux établissements publics

Pénalités de retard, saisies-arrêts… Le régulateur algérien tente de mettre le holà aux « pratiques de recouvrement coercitives » appliquées par les établissements financiers aux entreprises en difficulté.

Banque d’Algérie, à Alger. People walk past Bank of Algeria in Algiers, Algeria May 24, 2019. Picture taken May 24, 2019
© REUTERS/Ramzi Boudina

Banque d’Algérie, à Alger. People walk past Bank of Algeria in Algiers, Algeria May 24, 2019. Picture taken May 24, 2019 © REUTERS/Ramzi Boudina

AURELIE-MBIDA2-2024

Publié le 11 mars 2021 Lecture : 2 minutes.

Les pratiques des banques locales auront-elles fini par agacer le régulateur ? Dans un courrier aux PDG, DG et présidents de directoire des banques et établissements financiers, la Banque d’Algérie rappelle vertement à l’ordre ses troupes.

Alors que la Banque centrale a adopté ces derniers mois diverses mesures d’ordre monétaire et prudentiel visant à desserrer l’étau autour des institutions financières algériennes en mal de liquidités, souligne-t-elle, plusieurs « mauvaises élèves » n’auraient semble-t-il pas joué le jeu.

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« Certaines banques (n’ont) pas saisi le sens des mesures initiées par la Banque d’Algérie, et continuent à appliquer aux entreprises, affichant des situations de difficulté passagère, des mesures de recouvrement coercitives », écrit le régulateur dans sa missive diffusée le 7 mars dernier et dont Jeune Afrique a reçu une copie.

L’enjeu de la crise des liquidités

Directement visées ? Les banques publiques, d’après les observateurs de la place. Ce sont elles qui concentrent la majorité de l’activité bancaire en Algérie (90 % des dépôts nationaux) et qui souffrent le plus de la crise des liquidités ayant occasionné, à quatre reprises au cours des douze derniers mois, l’abaissement du taux des réserves obligatoires par la Banque centrale.

Ce plancher minimal de fonds propres est passé de 10 % en mars 2020 à 2 % en février dernier. La mesure vise à libérer des capacités supplémentaires pour les établissements de crédit afin qu’elles puissent continuer à financer l’économie. À noter qu’en parallèle, la Banque centrale a exigé des banques commerciales une augmentation de leur capital social de 10 milliards à 20 milliards de dinars, d’ici au 30 juin 2021.

L’objectif est le même : une augmentation de capital cumulée à une baisse des réserves obligatoires est censée redonner plus de liquidité au système.

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Des PME acculées

Deux griefs sont pointés du doigt par la banque centrale, gouvernée depuis septembre 2020 par Rosthom Fadli : le maintien de l’application de pénalités de retard sur les comptes crédits de leurs clients ; et la mise en œuvre de procédures de saisie-arrêt à l’encontre de ces mêmes clients-entreprises, lorsqu’elles sont en incapacité de remboursement.

Selon nos informations, la Banque centrale aurait déploré qu’en appliquant ces mesures, les banques aggravent la situation des entreprises concernées, essentiellement des PME, et exposent leurs portefeuilles à détenir davantage de créances irrécouvrables.

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Menaces de sanctions

Ainsi, le régulateur rappelle : « devant cet état de fait préjudiciable au maintien de la relation des banques avec l’entreprise, tout l’intérêt qu’elle attache à la transposition sur le terrain des mesures d’appui qu’elle a initiées, à l’effet de contenir l’impact de la crise de la Covid-19 sur l’économie nationale. »

Et assumant pleinement son immixtion dans le droit commercial et des faillites, il prévient : « La Banque d’Algérie prendra, à sa discrétion, les mesures appropriées contre tout manquement qu’elle aura à constater. » Quelles sanctions ces banques encourent-elles ? Le régulateur se refuse à tout commentaire quant aux mesures et décisions à venir.

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