L’honneur onéreux de l’Irak
Publié le 13 avril 2004 Lecture : 1 minute.
Les « crimes d’honneur » commis par des Irakiens sur leurs épouses, leurs soeurs, leurs cousines ou des parents plus éloignés ne seront bientôt plus justiciables par les tribunaux, ou ne feront l’objet que de peines symboliques. Ainsi, le crime d’honneur accède enfin à la dignité de meurtre légal.
Il paraît que l’autorité de la famille sortira renforcée de l’épreuve. C’est un point de vue intéressant. Encore faut-il que la famille en sorte tout court, c’est-à-dire qu’elle survive au couteau du vengeur.
Etrange Irak où la misère populaire grouille, rampe, se terre et s’épaissit dans les quartiers sans espoirs de Bagdad et où de pseudo-socialistes se préoccupent de protéger les malfaiteurs qui continuent de tuer, au nom d’une tradition dérisoire et cruelle ! N’est-ce pas pour mieux se détourner des vrais problèmes que les prudes moralistes du parti Baas irakien instituent aujourd’hui cette croisade de l’honneur ? Portons à sa décharge que le Baas a déjà dressé assez de potences pour ne plus s’émouvoir des cadavres qu’il peut encore rencontrer sur sa route.
Du moins, que les maîtres de l’Irak daignent renoncer à se qualifier de socialistes. Ce mot n’a que trop servi à des usages impurs et notre patience s’épuise à mesure que les charlatans se multiplient. Quand quelqu’un a besoin de museler la logique et d’écraser la raison, il se pose en champion du socialisme. Lorsqu’un gangster désire prolonger ses rapines et rançonner à loisir, il inscrit le socialisme sur sa carte de visite. Merci beaucoup, mais nous ne marchons pas. Nous avons lu nos classiques et nous arrivons encore à distinguer un honnête homme d’un forban.
Ni Jaurès, ni Liebknecht, ni Rosa Luxembourg, ni Durutti ne sont morts pour que de sombres histrions utilisent à leur gré et selon leurs sordides exigences un idéal de vaillance et de générosité. C’est cela le crime contre l’honneur : souiller le socialisme.
