La seconde mort du « Vieux »

Publié le 13 avril 2004 Lecture : 2 minutes.

Peut-on sauver les Ivoiriens d’eux-mêmes ? Cette question, impensable il y a quelques années encore, l’ONU, les pays membres de la Cedeao et la France se la posent. Sans y trouver, pour l’instant, de réponse. D’ici au mois de juillet prochain, plus de dix mille militaires étrangers, Casques bleus de l’Onuci et parachutistes français confondus, seront déployés à travers la Côte d’Ivoire, plaçant de facto le pays d’Houphouët sous tutelle extérieure. Extraordinaire gâchis que celui qui contraint la communauté internationale à intervenir, non pour épargner un régime ou soutenir une rébellion, mais pour éviter une guerre civile généralisée, des massacres à répétition et, au-delà, la dislocation de toute une région. Comment en est-on arrivé là ? Tel est le thème du dossier que nous vous proposons de lire ci-après. Ivoirité, héritage empoisonné, mal gouvernance, irresponsabilité de la classe politique, tout concourt à expliquer la situation de crise aiguë que connaît aujourd’hui la Côte d’Ivoire. Une situation au sein de laquelle tous les protagonistes ont leur part, au point que nul aujourd’hui ne peut prétendre parler au nom de tous les Ivoiriens, encore moins se dire légitime.
D’un côté, le régime du président Laurent Gbagbo, élu de manière calamiteuse et qui, dès avant la tentative de putsch de septembre 2002, n’a pas su compenser ce déficit initial par une irréprochable bonne gouvernance. On lui doit, si l’on peut dire, l’assassinat du général Robert Gueï, l’emploi de mercenaires, des campagnes de presse xénophobes, l’utilisation de milices et d’escadrons de la mort, les massacres de Daloa et de Monoko-Zohi, les morts du 25 mars à Abidjan et de multiples crimes économiques. De l’autre, des sous-officiers au passé chargé, mutins devenus Forces nouvelles, dont l’insurrection a été préparée grâce à l’appui d’une poignée de pays voisins pyromanes. Outre le coup de force du 19 septembre 2002 et ses trois cents morts, ces rebelles propulsés du maquis à Marcoussis et Kléber (de quoi faire rêver dans les casernes africaines) sont responsables du massacre des gendarmes de Bouaké, de multiples exactions commises dans le Grand Ouest, du casse de la BCEAO et de la mise en coupe réglée des ressources du Nord ivoirien. Entre ces deux forces « négatives », aucune personnalité politique de ce pays, qui en compte pourtant beaucoup, n’a su, ou pu, se dresser. À dix-huit mois d’une élection présidentielle censée départager dans les urnes les belligérants, tout le drame de la Côte d’Ivoire est là. Au-delà d’une recolonisation rampante, c’est bien à la seconde agonie d’Houphouët-Boigny que l’Afrique assiste aujourd’hui.

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