Franklin Delano Roosevelt s’éteint
Les Pères fondateurs mis à part, Franklin Delano Roosevelt a été, avec Abraham Lincoln, le président qui a le plus marqué l’histoire des États-Unis. Il restera le seul occupant de la Maison Blanche à y avoir été élu quatre fois : Washington lui-même s’était contenté de deux mandats. C’est à cause de Roosevelt qu’a été voté le vingt-deuxième amendement qui en interdit plus de deux. S’il s’est présenté une quatrième fois en 1944, c’est pour mener les Alliés à la victoire contre l’axe Rome-Berlin-Tokyo, mais il ne verra ni la reddition inconditionnelle de l’Allemagne, le 8 mai 1945, ni la signature de la Charte des Nations unies, le 20 juin. Et ce n’est pas lui qui décidera d’envoyer, en août, une bombe atomique sur Hiroshima. Il est mort le 12 avril 1945.
S’il y avait une aristocratie américaine, Roosevelt en serait un des fleurons. Lui et son cousin au cinquième degré Theodore, qui fut président de 1901 à 1908, étaient des Américains de la huitième génération. Ils descendaient de Claes Martenszen van Rosenvelt, qui, venu de Haarlem, aux Pays-Bas, débarqua à New Amsterdam en 1644, vingt ans avant que la ville ne devienne New York. La famille était assez nombreuse vers 1920 pour que Franklin puisse épouser une autre Roosevelt, une cousine, Eleanor. Ils auront cinq enfants. Eleanor laissera aussi un prénom dans l’histoire des États-Unis.
Né en 1882, Franklin fut confié à des précepteurs jusqu’à l’âge de 15 ans, comme Theodore, fit un séjour à Groton, l’Eton américain, puis à Harvard, comme Theodore. Sénateur démocrate de l’État de New York en 1910, il fut secrétaire adjoint à la Marine de 1913 à 1920, et, cette année-là, candidat malheureux à la vice-présidence aux côtés de James Cox.
Bien que d’apparence solide, Roosevelt était d’une santé fragile : grippes, typhoïde, pneumonie… Mais en août 1921, le plus grave se produisit. À 39 ans, donc, au retour d’une promenade en mer près de l’île de Campobello, il fut frappé par la maladie la plus spectaculaire de ces années-là : la poliomyélite. Plus jamais il ne pourrait marcher seul.
En 1928, cependant, il se fait élire gouverneur de l’État de New York, comme Theodore, puis réélire en 1930. Warren Harding, plus Calvin Coolidge, plus Herbert Hoover : c’est alors, pour l’Amérique, la Grande Dépression. Roosevelt conquiert la Maison Blanche en 1932 et lance, en 1933, dans son discours inaugural, son célèbre « La seule chose que nous ayons à craindre, c’est la crainte elle-même ». Arme complémentaire : le sourire. Suivent ces Cent Jours, que beaucoup d’autres présidents ont essayé d’imiter : une cascade de mesures qui changent tout. Ce sera le New Deal, qui remit l’Amérique sur pied. Fin manoeuvrier, le trente-deuxième président des États-Unis fut un des premiers hommes d’État à découvrir le pouvoir des médias. Il faisait régulièrement à la radio des « causeries au coin du feu », et ses discours étaient un des grands moments des actualités cinématographiques.
Il y avait aussi à l’époque, malheureusement, un autre orateur de talent : Adolf Hitler. Les victoires du nazisme en 1940 ont certainement été l’un des facteurs qui ont décidé Roosevelt à se présenter pour un troisième mandat. Un cartoon en deux tableaux de cette année-là le montre se transformant de Dr. New Deal en Dr. Win the War (« Docteur Gagne-la-Guerre »).
Gagner la guerre, Roosevelt va y consacrer ses dernières années. Les deux grandes dates, ici, sont le 7 décembre 1941 : Pearl Harbor ; et les 4-11 février 1945 : la conférence de Yalta avec Churchill et Staline. L’une et l’autre sont sources de polémique. À Pearl Harbor, Roosevelt aurait délibérément sacrifié huit navires de guerre pour entraîner les Américains réticents dans le conflit. C’est peu probable de la part de l’ex-secrétaire adjoint à la Marine et du président des États-Unis qui fut le plus passionné par la Marine. À Yalta, Roosevelt et Churchill se seraient laissé manoeuvrer par Staline. Il est vrai que depuis mars 1944, bien qu’âgé de 62 ans seulement, Roosevelt était en très mauvaise santé et s’affaiblissait de jour en jour. Mais les historiens précis démontrent que Churchill et lui n’ont laissé à Staline, leur allié de l’époque, que ce qu’il avait déjà pris – notamment la Pologne.
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