Du terrorisme juif

Publié le 13 avril 2004 Lecture : 2 minutes.

Le Shin Beth, service israélien de sécurité intérieure, prend très au sérieux la menace d’attentats que des terroristes juifs pourraient commettre à Jérusalem sur l’esplanade des Mosquées en vue de torpiller le plan de « désengagement » d’Ariel Sharon dans la bande de Gaza, voire quelques localités de Cisjordanie. Son chef, Avi Dichter, n’a pas hésité à parler, à Herzliya, d’une « menace stratégique de la part d’un terrorisme juif ». Ce qu’explicite un de ses prédécesseurs, Hezi Kallo, qui dirigea dans les années 1990 le département du Shin Beth pour les affaires non arabes : « Une attaque juive sur le mont du Temple, dans un effort visant à torpiller un processus politique, est une possibilité qui doit être résolument prise en compte. »
Ce n’est pas la première fois qu’une telle action est envisagée par des groupes de juifs fanatiques. En avril 1982, un an avant l’évacuation de la colonie de Yamit, dans le Sinaï, en exécution du traité israélo-égyptien, des activistes du Mouvement contre le retrait du Sinaï s’y étaient réunis et en avaient évoqué l’idée comme un moyen d’empêcher ce départ : ils comprenaient trois rabbins, un représentant des colons du Golan et un vétéran de l’Unité 101, un des plus célèbres commandos des années 1950.
Sur le moment, rien de décisif n’en sortit, et Yamit fut vigoureusement évacuée – ironiquement, par les soins d’Ariel Sharon. Mais l’idée poursuivit son chemin, et il y a seulement six mois, Shaher Dvir Zeliger, membre d’une cellule terroriste juive, arrêté par le Shin Beth, avoua qu’un activiste de Samarie, lié à un colon de l’implantation fanatique de Kiryat Arba, près d’Hébron, avait projeté une attaque sur l’esplanade des Mosquées.
Les services israéliens sont donc persuadés que, dans des circonstances aujourd’hui comparables à celles de 1982, de nouveaux terroristes sont prêts à agresser les mosquées. Le problème, disent-ils, est que leurs renseignements portent sur une plus complexe nébuleuse extrémiste comprenant ceux qu’on a surnommés les « jeunes des collines », fer de lance de la colonisation sauvage en Cisjordanie, des militants clandestins du mouvement raciste Kach, fondé par feu le rabbin Meir Kahane et officiellement interdit, des étudiants kabbalistes de certaines yeshivas, plus des individus mentalement dérangés (à supposer que les précédents ne le soient pas) liés à des organisations criminelles disposant du matériel adéquat. Hezi Kallo, déjà cité, commente : « La menace est réelle, mais difficile à définir. Un jour, elle peut venir d’un jeune de Herzliya, un autre jour d’un jeune de Haïfa ou des Territoires occupés, voire d’un noyau dur idéologique. La prévention réside dans le renseignement et dans les structures de protection. Mais s’il s’agit d’un individu isolé comme Barouch Goldstein [qui tua vingt-neuf Palestiniens en prière au caveau des Patriarches d’Hébron, en 1994], l’espoir de l’arrêter est très aléatoire. »

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