Destins de Nigériennes

Rahamatou Keïta relate l’histoire de sa compatriote Zalika Souley, comédienne qui connut sa période de gloire pendant les années 1960.

Publié le 13 avril 2004 Lecture : 2 minutes.

L’année 2004 s’annonce riche en émotions pour la réalisatrice nigérienne Rahmatou Keïta. Son long-métrage Al’lèèssi, une actrice africaine a déjà été couronné à deux reprises. Après avoir reçu, en mai 2003, le prix du meilleur documentaire au festival de Montréal Vues d’Afrique, le film a fait partie de la sélection officielle du Festival de Berlin en février, puis décroché le prix du public au festival Black Movie de Genève, le 6 mars. Un beau succès pour une oeuvre qui, pourtant, peine à trouver une place à la télévision française. « J’ai proposé le film au service du documentaire de France 2. Je leur en ai montré les quarante premières minutes : le directeur du service m’a répondu qu’il le trouvait intéressant mais n’avait pas un public africain en France », raconte, indignée, la réalisatrice. Quand à la chaîne Arte, elle juge le documentaire trop pointu.
Il en faut plus cependant pour décourager Rahmatou Keïta, forte des prix déjà reçus et des demandes de distributeurs américains et canadiens prêts à diffuser son long-métrage, une fois celui-ci sous-titré en anglais. Filmé comme un documentaire, Al’lèèssi, une actrice africaine raconte l’histoire d’une ancienne star nigérienne tombée dans l’oubli. Première comédienne africaine professionnelle, Zalika Souley connaît sa période de gloire pendant les années 1960. Elle joue dans de nombreux films et travaille avec les plus grands metteurs en scène nigériens, comme Mustapha Alassan, Oumarou Ganda ou encore Djingarey Maïga. Elle interprète ses rôles avec tant de conviction que le public finit par l’assimiler aux personnages de prostituées ou de femmes adultères qu’elle interprète essentiellement. À Niamey, où elle vivait enfant, Rahmatou Keïta se souvient l’avoir vue se faire injurier dans la rue.
Devenue paria pour le public et sa propre famille, la jeune femme est rejetée de tous. Peu à peu, elle glisse de la lumière vers l’ombre. Aujourd’hui, Zalika Souley a une cinquantaine d’années. Elle mène une vie difficile dans une petite maison sans eau courante ni électricité, avec ses quatre enfants. C’est la place de la femme dans la société moderne africaine que Rahmatou Keïta aborde à travers l’histoire de Zalika Souley. En toile de fond, elle rend aussi hommage au cinéma nigérien très actif dans les années 1960, et aujourd’hui presque réduit à néant. Rahmatou, elle, est bien déterminée à faire vivre le sien. Qu’importe si la télévision française ne veut pas de son film, elle est d’ores et déjà à la recherche d’un distributeur pour que son oeuvre soit visible sur grand écran. Al’lèèssi, en sonrhay, signifie « son destin ». Souhaitons-lui-en un formidable pour son film.

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