Des espions à la Silicon Valley
Quand la CIA se lance dans le financement de start-up.
On la savait parfois dépassée par les événements. La CIA a pourtant plus d’un tour dans son sac et n’a pas attendu les attentats du 11 septembre 2001 pour sortir de la léthargie dans laquelle l’avaient plongée les années post-guerre froide. Dès 1998, George Tenet, son directeur, incitait de grands industriels américains à créer une société de capital-risque liée à la CIA. Le but : financer des start-up privées et repérer, avant tout le monde, les techniques avancées qui pourraient servir ses activités de renseignement.
Toujours à l’affût des technologies modernes, et longtemps novatrice en la matière, la centrale s’était retrouvée fort démunie à la fin des années 1990 face à la ruée des cerveaux sur la nouvelle économie. Les profits réalisés par les start-up ont détourné de la CIA les petits génies, lui faisant perdre le contact avec les centres de création et d’inventivité. D’où l’idée de créer In-Q-Tel, une société qui compte aujourd’hui cinquante-cinq employés et investit environ 35 millions de dollars par an dans les entreprises privées de la Silicon Valley. Plutôt que d’acheter les logiciels une fois développés, In-Q-Tel, comme toutes les capital-venture, reçoit les plans de développement des sociétés en création bien avant que leurs idées ne prennent forme. Une manière de rester à la page. L’éclatement de la bulle Internet et la crise économique ont rendu le concept d’In-Q-Tel encore plus viable. Les financements étant de plus en plus difficiles à dénicher, les entrepreneurs se sont mis à frapper volontiers à la porte de la société, oubliant les scrupules qui, en des temps plus prospères, les incitaient à travailler en liberté.
Les attentats du 11 septembre vinrent également à point nommé pour réveiller les vocations patriotes. À partir de la fin 2001, ce sont environ trois ou quatre business plans qui arrivent chaque jour sur les bureaux d’In-Q-Tel, soit presque un millier par an. Et les succès sont nombreux. Des 59 entreprises dans lesquelles elle a finalement investi, 39 sont encore en vie, un taux de réussite supérieur à celui des sociétés de capital-risque de la Silicon Valley. Environ vingt nouveaux programmes informatiques ont été introduits à la CIA par ce biais. Au moment de sa création, In-Q-Tel était prévue pour durer cinq ans. Son succès est tel que le Congrès devrait prochainement voter sans hésitation sa prolongation.
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