Une profession à haut risque
Publié le 13 mars 2007 Lecture : 1 minute.
Ancien colonel de l’armée russe reconverti dans le journalisme – il travaillait pour le quotidien économique Kommersant -, Ivan Safronov enquêtait sur la vente de chasseurs-bombardiers Sukhoi 30 à la Syrie et de systèmes de batteries antiaériennes S 300 à l’Iran. Le 2 mars, il est mystérieusement tombé du cinquième étage de son immeuble, à Moscou. Le souvenir de l’assassinat d’Anna Politkovskaïa, le 7 octobre 2006, étant encore vivace, personne ne croit une seconde à la thèse de l’accident ou du suicide défendue par la police. À en croire l’International News Safety Institute (Insi), une organisation non gouvernementale belge spécialisée (notamment) dans la protection des professionnels des médias, 88 journalistes locaux ou étrangers sont morts dans l’exercice de leurs fonctions, en Russie, au cours des dix dernières années.
Mais le pays de Vladimir Poutine n’est pas une exception. Dans le monde entier, le nombre des victimes a considérablement augmenté au cours des dernières années : une soixantaine de morts en 2002, plus du double en en 2004 et 167 en 2006. Bien sûr, la guerre en Irak y a grandement contribué. Avec 138 tués depuis le début de l’invasion, en mars 2003, c’est dans ce pays que les professionnels des médias ont payé le plus lourd tribut.
Au total, un millier de journalistes et assimilés sont tombés sur le front ?de l’information depuis 1996. Parmi eux, 106 Irakiens, 91 Russes, 72 Colombiens, 55 Iraniens et 33 Algériens. Exception faite de la guerre, la corruption et le trafic de stupéfiants sont les sujets d’enquête les plus dangereux. Les autres causes d’assassinat sont d’autant plus difficiles à déterminer que 63 % de leurs auteurs ne sont jamais identifiés. Parmi ceux qui le sont, seuls 9 % sont poursuivis et 4 % condamnés pour leur crime. Ces chiffres font dire à Richard Sambrook, le directeur et coordonnateur de l’enquête de l’Insi, que « l’assassinat d’un journaliste est aujourd’hui pratiquement sans conséquences ».
