Algérie – Mohamed Hennad : « La mission du Hirak n’est pas de dégager un plan de transition »
Alors que les marches de contestation du pouvoir ont repris en Algérie, des questions demeurent sur l’avenir du mouvement : quel mot d’ordre ? Quelle feuille de route ? Comment imposer les revendications ? Quid des islamistes ? Éléments de réponse avec le politologue algérien Mohamed Hennad.
Depuis le 22 février, l’Algérie a renoué avec les manifestations, à l’occasion du deuxième anniversaire du Hirak qui a mené à la fin de la présidence d’Abdelaziz Bouteflika. Le politologue Mohamed Hennad analyse pour Jeune Afrique ce come-back après une année de suspension des marches en raison de la pandémie du Covid-19, les nouveaux slogans et revendications et évoque les scénarios possibles du duel entre le pouvoir et la population.
Jeune Afrique : Comment décryptez-vous le retour du Hirak ?
Mohamed Hennad : Pour la deuxième fois, le Hirak étonne ! Rappelons combien étaient peu nombreux ceux qui avaient cru à la marche historique du 22 février 2019. Elle fut finalement un succès total. Les slogans qu’on entendait ont fait tomber le mur de la peur. Au point que, pour la première fois, nous avons pu voir des manifestants piétiner le portrait du président. La reprise du Hirak – à l’occasion de la célébration de son deuxième anniversaire – a tout autant étonné dans un contexte de dépression généralisée et malgré la situation sanitaire.
« La mission du Hirak consiste à exprimer des exigences politiques fondamentales : à charge pour le pouvoir et les différentes forces politiques du pays de les concrétiser »
L’ampleur que les marches sont en train de prendre signifie clairement que les choses n’ont pas changé depuis deux ans, et du côté du pouvoir et du côté de la détermination des manifestants. Le pouvoir continue de pratiquer la politique du fait accompli avec un président très mal élu, une réforme constitutionnelle imposée, et un « Appel de la patrie » [une coalition d’ »associations » agréée par le pouvoir dans la perspective des législatives de juin 2021] digne des plus belles années du soviétisme. La notion d’« État profond » prend tout son sens avec ces évolutions !
Quid des nouveaux slogans et chants des manifestants ?
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