Recrute chair à canon étrangère

Pour rendre l’armée plus attractive, les autorités proposent aux immigrés qui s’engageraient un accès plus facile à la nationalité.

Publié le 13 mars 2007 Lecture : 2 minutes.

Qui veut s’illustrer sur le front irakien ? Après quatre années d’enlisement progressif du conflit, l’appel ne suscite guère l’enthousiasme des citoyens américains. Et pourtant, l’armée des États-Unis manque cruellement de bras : en janvier, l’administration Bush a annoncé son intention d’envoyer 21 500 hommes supplémentaires à Bagdad, quelques semaines avant que Tony Blair déclare, lui, le retrait progressif des soldats britanniques.
Pour rendre l’armée américaine attractive, le département de la Sécurité intérieure a déjà trouvé un subterfuge, appliqué au lendemain du 11 Septembre : les détenteurs d’une carte verte (un titre de séjour) qui s’engagent auront un accès plus facile à la nationalité. Une mesure qui a rencontré quelque succès : en 2006, 4 600 immigrés légaux choisissent l’uniforme, contre 750 cinq ans plus tôt.
Mais en regard des besoins, l’opération séduction n’atteint que partiellement son objectif. C’est pourquoi certaines voix outre-Atlantique évoquent l’éventualité de recruter des soldats à l’étranger et, pourquoi pas, des immigrés clandestins.
Aux États-Unis, l’armée américaine est ouverte aux étrangers en situation régulière (c’est-à-dire détenteurs d’une carte verte). Actuellement, 11 000 d’entre eux sont dans les casernes et 30 000, dont 5 000 marines, servent sous la bannière étoilée. Ils sont originaires de plus de deux cents pays dont, pour la majorité, le Mexique, Saint-Domingue, la Jamaïque et le Salvador. Une centaine d’entre eux sont morts en Irak et en Afghanistan.
Mais l’ouverture de l’armée aux étrangers fait bondir l’opinion. Car si les détenteurs de la carte verte ont le mérite d’offrir un gage de sérieux et d’engagement, la perspective de voir des clandestins et des étrangers ne résidant même pas en Amérique défendre la mère patrie effraie, ou indigne. « L’armée américaine deviendra une armée de mercenaires ! » s’exclament certains, quand d’autres se demandent si le prétendu manque de patriotisme des futurs soldats ne va pas nuire à leur enthousiasme sur le champ de bataille. « Mettront-ils assez de cur à l’ouvrage ? » s’interrogent ceux-ci. D’autres protestent : « Les étrangers ne sont pas de la chair à canon ! »
Au Pentagone, tout a été essayé pour enrôler sur le territoire : campagnes de publicité et de recrutement, amélioration des conditions salariales, simplification des critères Mais rien, ou presque, n’y a fait. Pour calmer les esprits, les avocats de l’ouverture de l’armée à des recrues étrangères déclinent les atouts de ces dernières, notamment un multilinguisme qui peut se révéler fort utile dans le cas des langues rares – le dari, parlé en Afghanistan, par exemple – et l’ardeur au combat décuplée par la perspective de devenir américain Ils esquissent aussi quelques comparaisons : les Népalais ont bien servi dans l’armée britannique ; en France, la légion étrangère est, comme son nom l’indique, ouverte aux étrangers (qui, en effet, peuvent demander la naturalisation au bout de trois ans de service) ; et le Vatican est bien défendu par des gardes suisses

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