Mines, pétrole : les États africains aux mains des traders ?
Utilisés entre autres par Glencore et Trafigura, les prépaiements de matières premières ont mené le Congo et le Tchad au bord du précipice, estime le FMI. Pour les professionnels du secteur, cette pratique « vieille de plusieurs siècles » a pourtant de beaux jours devant elle.
![Ian Taylor, PDG de Vitol Group ; Torbjorn Tornqvist, DG de Gunvor ; Ivan Glasenberg, patron de Glencore, et Jeremy Weir, CEO de Trafigura. © Jason Alden/Bloomberg/Getty ; Horacio VillalobosCorbis/Getty ; Simon Dawson/Bloomberg/Getty ; Trafigura. Montage : JA](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2021/03/05/montage9_traders.jpg)
Ian Taylor, PDG de Vitol Group ; Torbjorn Tornqvist, DG de Gunvor ; Ivan Glasenberg, patron de Glencore, et Jeremy Weir, CEO de Trafigura. © Jason Alden/Bloomberg/Getty ; Horacio VillalobosCorbis/Getty ; Simon Dawson/Bloomberg/Getty ; Trafigura. Montage : JA
Le négociant suisse Trafigura a beau affirmer, par la voix de son directeur financier, Christophe Salmon, que « le prépaiement de matières premières est un outil vieux de plusieurs siècles », évoquant son utilisation par les marchands de Venise du XVIIe siècle, ceux que le groupe suisse et trois autres géants du trading – ses compatriotes Glencore et Gunvor et Vitol – ont conclu ces dernières années sur le continent font polémique.
Le principe de ces deals est simple : il s’agit d’un prêt octroyé par un négociant, qui lui est remboursé – pour le principal comme pour les intérêts – « en nature » par des cargaisons de pétrole ou de minerais, tirées de la production future du contractant, en général un État ou la compagnie nationale extractive. C’est le négociant – et non pas l’emprunteur – qui structure le crédit pour l’opération, profitant de ses bonnes relations avec les banquiers de Genève, Londres, Paris où New-York, où sa réputation n’est plus à faire.
Argent frais pour budgets exsangues
Problème, pour certains gouvernements africains aux finances publiques exsangues, persona non-grata chez les banquiers internationaux mais dotés d’un sous-sol attractif, la perspective d’argent frais pour renflouer rapidement les caisses peut amener à aggraver leur endettement au-delà du raisonnable, notamment en cas de fluctuation des prix de matières premières concernées pendant la durée du prêt.
C’est ce qui arrivé après la chute drastique des cours du baril de Brent en juillet 2014 au Congo Brazzaville et au Tchad, où la Société nationale des pétroles du Congo (SNPC) et la Société des Hydrocarbures du Tchad (SHT) avaient respectivement signé de tels accords de prépaiements avec de grandes maisons de négoce.
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