Afrique numérique : Nnenna Nwakanma, avocate web des femmes africaines

Au sein de la World Wide Web Foundation, la Nigériane travaille avec les Nations unies, mais aussi les Gafam, pour améliorer l’accès des femmes à internet, les aider à développer leur leadership et limiter les violences dont elles sont victimes en ligne.

Nnenna Nwakanma est ambassadrice en chef du web au sein de la World Wide Web Foundation. © DR

Nnenna Nwakanma est ambassadrice en chef du web au sein de la World Wide Web Foundation. © DR

Publié le 12 avril 2021 Lecture : 2 minutes.

Afrique Digitale © Jon Berkeley pour JA
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Depuis Abidjan, Nnenna Nwakanma raconte, encore émue, comment elle a accompagné au début de mars « une trentenaire et une dame de plus de 75 ans pour qu’elles choisissent leur premier téléphone portable ».

Ambassadrice en chef du web (chief web advocate) au sein de la World Wide Web Foundation, elle a fait de l’accès des femmes aux nouvelles technologies l’une de ses principales missions. « Parce que c’est un moyen de développer leur leadership », explique-t-elle.

Je suis difficile à mettre dans une case

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En 2016, elle a initié en Côte d’Ivoire TechMousso (Mousso signifie « femme » en bambara), une compétition unique visant à financer, avec le soutien de la Web Foundation et des Nations unies, en partenariat avec la Millennium Challenge Corporation, des projets valorisant des données ayant trait aux femmes. L’initiative a notamment donné vie au Pass Mousso, un bijou connecté développé en 2019 par l’Ivoirienne Corinne Maurice, dans lequel est encapsulé un carnet de santé numérique.

Fille d’activistes des droits humains

Aujourd’hui, la Nigériane poursuit ce combat via la nouvelle agora numérique de la Web Foundation : le Tech Policy Design Lab. « L’un des premiers dossiers pour lesquels nous avons convié les grandes plateformes du web (Twitter, Facebook, Amazon…) à discuter avec les organisations de lutte pour les droits humains concerne les violences faites aux femmes en ligne, révèle Nnenna Nwakanma. Nous allons maintenant fixer nos attentes en la matière pour ces géants du web. »

Logiciel libre, protection des données, accès à internet… Les batailles de la militante sont nombreuses. « Je suis difficile à mettre dans une case », concède-t-elle en riant. Difficile à suivre, aussi.

Née en 1975 dans la campagne de l’État d’Abia (sud-est du Nigeria) d’un père médecin militaire et d’une mère sage-femme, « tous deux activistes des droits humains », elle fréquente d’abord un lycée de filles à Aba, près de Port-Harcourt, avant de traverser l’Atlantique pour étudier l’anglais, les sciences sociales, l’histoire et la religion à l’Université Andrews, dans le Michigan. Elle rejoint ensuite la Côte d’Ivoire, où elle occupe un poste au sein de la trésorerie de la BAD et suit en parallèle un master en relations internationales à l’Université de l’Atlantique.

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Trois projets phares

L’expérience est fondatrice. Alors qu’elle est chargée en 1999 de faire passer l’organisme de l’ancien Telex à l’actuel système de transactions bancaires Swift, elle découvre le web pour la première fois. Et ne le quittera plus jamais. En 2013, elle est recrutée par la Web Foundation.

Ces derniers mois, son agenda est occupé par trois projets phares : le Contrat pour le web, qui implique neuf principes établis par la Web Foundation en 2019 auxquels doivent souscrire gouvernements, acteurs privés et citoyens pour un meilleur internet ; la « connectivité significative », un nouvel indice établi par l’Alliance for Affordable Internet (A4AI) pour améliorer l’accès à la Toile ; et la « Feuille de route pour une coopération numérique », un ensemble de huit missions portées par l’ONU et destinées à réduire la fracture numérique.

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« Je parviens à consacrer du temps à tout cela, en moins de 24 heures par jour, puisque j’arrive parfois à dormir, et même à me maquiller de temps en temps », plaisante l’avocate du web.

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