« Queenie », le best-seller britannique traduit en français et bientôt à l’écran

Le premier roman de Candice Carty-Williams, qui raconte le quotidien d’une jeune femme noire à Londres, est désormais traduit en français. Et sera bientôt adapté en série.

Candice Carty-Williams à Londres, en 2019 © Nils Jorgensen/REX/SIPA

Candice Carty-Williams à Londres, en 2019 © Nils Jorgensen/REX/SIPA

Publié le 30 mars 2021 Lecture : 3 minutes.

En suivant le quotidien de Londonienne de Queenie Jenkins, une jeune femme attachante de 25 ans bouleversée par une rupture amoureuse, on l’imagine déjà transposé à l’écran. Ses remises en cause au travail, ses galères pour se loger, ses relations d’un soir, les premiers symptômes de la dépression et le lent chemin pour se reconstruire… Tous les ingrédients semblent réunis pour une adaptation de Queenie, un best-seller vendu à plus de 300 000 exemplaires en Grande Bretagne, à plus de 100 ­­000 aux États Unis, et déjà bien accueilli en France avec plus de 8 ­500 ouvrages écoulés depuis sa sortie en février. Candice Carty-Williams, son auteure, prépare justement une série pour la télévision.

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Les désillusions d’une génération

Ancrée dans la capitale britannique, Queenie en décrit la gentrification galopante. Elle qui a grandi dans une famille anglo-jamaïcaine n’y retrouve plus les repères de l’enfance. À Brixton Village, elle cherche en vain les commerces caribéens où sa grand-mère l’emmenait. Quand elle comprend qu’ils ne sont plus, en raison des loyers inaccessibles, elle se questionne : « Comment avaient-ils pu l’augmenter au point d’évincer des gens qui ne s’étaient installés à Brixton que faute de pouvoir le faire ailleurs, qui y avaient construit leur vie et bâti une communauté ? Et que l’on chassait maintenant pour faire de la place à des lieux de vie pour jeunes cadres ? »

Queenie Jenkins parle aussi d’une génération, celle des jeunes trentenaires biberonnés aux discours sur la méritocratie et les longues études, que le marché du travail tant fantasmé accueille avec un : « Bienvenue dans le monde du travail gratuit ». Après moult stages, la jeune journaliste se retrouve aux pages « agendas » d’un quotidien. Quand elle y propose des sujets sociaux autour des violences policières, elle reçoit une fin de non-recevoir, avec des arguments opposant le communautarisme à l’universalisme.

Être Noire au Royaume-Uni

Elle ressent la fatigue d’être assignée à une place subalterne : « Rien, dans les revendications de Black Lives Matter ne suggère que la vie d’autres groupes ethniques est quantité négligeable […]. Je ne hisse pas la vie des Noirs sur un piédestal […]. Je dis que la vie des Noirs, de nos jours, ne compte pas, qu’elle n’a pas compté historiquement, et qu’elle devrait compter. » En creux, la question des privilèges quand ils ne sont pas identifiés et déconstruits ; ceux de la classe, de la race et du genre.

« Queenie », de Candice Carty-Williams, traduit par Christine Barbaste, Calmann Lévy, 368 pages,  20,90 euros. © DR

« Queenie », de Candice Carty-Williams, traduit par Christine Barbaste, Calmann Lévy, 368 pages,  20,90 euros. © DR

L’héroïne de Carty-Williams constate : « Nous autres femmes noires, nous sommes censées toujours savoir rester à notre place. » En écho, on pense au livre de la journaliste française Rokhaya Diallo, Ne reste pas à ta place. Au fil du roman, Queenie va donc apprendre à déconstruire les assignations, les exclusions, les traumas familiaux.

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Être Noire au Royaume-Uni est une thématique qui traverse le roman. Queenie se souvient des allusions racistes et exotisantes à l’égard de son physique, depuis la cour d’école jusqu’aux applications de rencontres. Elle se remémore la fois où « le vieil oncle » de son ancien compagnon blanc l’a interpellée en utilisant le mot « nègre ». Elle ne compte plus les fois où on lui répète dès qu’elle manifeste une once de colère face au racisme ordinaire : « C’était pour plaisanter, ne fais pas attention. »

J’ai fait la liste des personnes autorisées à toucher mes cheveux. 1 – Moi. 2 – Une coiffeuse. 3 – Et c’est tout »

Sans oublier ces scènes où on lui touche les cheveux : « J’ai fait mentalement la liste des personnes autorisées à toucher mes cheveux. 1 – Moi. 2 – Une coiffeuse. 3 – Et c’est tout. » Son expérience croise aussi celle de ses aïeules ; sa tante lui explique par exemple comment « à l’époque où maman est arrivée, ils posaient des stérilets aux femmes noires, sans nous le dire, pour nous empêcher de tomber enceintes ».

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Queenie est aussi le récit d’une génération afropéenne, ou comment « vivre une expérience racialisée dans un espace en majorité blanc ». Écrit à la première personne, avec lucidité et humour, le récit se nourrit de dialogues caustiques par messagerie virtuelle avec la bande d’amies de la protagoniste. Des correspondances instantanées qui rythment les trente chapitres de ce roman qu’on attend de découvrir sur petit écran…

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