Front antidjihad

Coup de filet à Casablanca, ratissages en Kabylie, concertation à Tunis Les dirigeants de la région unissent leurs efforts contre la menace al-Qaïda.

Publié le 13 mars 2007 Lecture : 3 minutes.

Deux attaques terroristes ont eu lieu le 4 mars en Algérie : l’une contre un convoi de la gendarmerie en Kabylie, l’autre contre des ressortissants russes travaillant sur un gazoduc dans la région de Médéa. Le même jour, les deux opérations ont été revendiquées par un certain Abou Ahmed Abdallah, qui s’est présenté comme le porte-parole d’al-Qaïda dans les pays du Maghreb islamique. L’organisation terroriste a mis en ligne sur le Net des images d’attentats perpétrés en Algérie qu’Al-Jazira, la chaîne de télévision qatarie, a ensuite diffusées en boucle.
Officialisé le 20 janvier, le ralliement à al-Qaïda du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), que dirige Abou Moussab Abdelwadoud, a des conséquences qui dépassent largement le cadre algérien. Mieux organisés et disposant d’une plus grande latitude opérationnelle, les terroristes algériens ont en réalité pris la direction des opérations djihadistes dans l’ensemble du Maghreb. Ils chapeautent désormais les Groupes islamiques combattants marocains (GICM) et libyens (GICL), prenant en charge la formation des candidats au djihad, le soutien logistique, l’organisation des déplacements et la fourniture de faux documents administratifs.
Bien entendu, ce ralliement s’est très vite traduit par un changement de stratégie, par une évolution du mode opératoire et par l’utilisation de nouvelles techniques de communication. Le 4 mars, Abou Ahmed Abdallah a très clairement conseillé aux Algériens, aux Marocains et aux Tunisiens de ne pas s’attarder dans des lieux susceptibles d’être attaqués par al-Qaïda : chantiers où travaillent « les croisés et les Russes, bourreaux des frères tchétchènes », palaces fréquentés par des hommes d’affaires occidentaux, sites touristiques… Bref, la nébuleuse terroriste est apparemment résolue à mettre le feu au Maghreb.
Noureddine Yazid Zerhouni, le ministre algérien de l’Intérieur, affecte pourtant de garder son calme : « Qu’il s’agisse du GSPC, d’al-Qaïda ou de Kaddour Ben Ali [qu’on pourrait traduire par « Tartempion », NDLR], cela ne change rien, explique-t-il. Il s’agit de la même organisation qui, en situation de faiblesse, s’efforce de faire parler d’elle, à l’approche d’une échéance électorale importante. » Des législatives auront lieu, en effet, le 17 mai en Algérie. Le caractère désormais maghrébin de la menace ? « Les liens des djihadistes algériens avec leurs collègues marocains, tunisiens et libyens ne datent pas d’hier, affirme un officier supérieur. Et notre collaboration avec les services de sécurité des pays voisins n’a jamais été aussi fructueuse. »
Le 7 mars, Abdelmalek Guenaïzia, le ministre algérien délégué à la Défense, a été reçu, à Tunis, par le président Zine el-Abidine Ben Ali. D’autre part, les échanges d’informations entre les services algériens et marocains se multiplient. C’est cette étroite coopération qui a permis d’identifier deux suspects marocains, Mohamed Agbalou et Mohamed Bakali, tous deux membres de la direction maghrébine d’al-Qaïda.
Le 8 mars, la police marocaine a annoncé l’arrestation à Casablanca de Saad Husseini (38 ans), le cerveau présumé des attaques du 16 mai 2003 dans la capitale économique du royaume. Ce dernier intéresse également les Algériens. Lieutenant de Mohamed Guerbouzi, le fondateur du GICM, Husseini a, dans les années 1990, combattu en Bosnie, où il a eu l’occasion de côtoyer certains chefs salafistes algériens, notamment l’« émir » Nabil Sahraoui, qui sera par la suite (en juin 2004) abattu en Kabylie. Les Saoudiens sont, eux aussi, intéressés par le personnage, qui fut dans le passé très proche d’Abdelkrim Mejjati, l’un des fondateurs d’al-Qaïda dans le Hedjaz. Ce dernier a été tué, la même année (2004), par la Garde nationale saoudienne.
Par ailleurs, après les attentats du 4 mars en Kabylie et à Médéa, l’armée algérienne a déclenché la plus importante opération militaire de ces dernières années, avec le concours de l’aviation, de l’infanterie et des troupes aéroportées. Un groupe de quatre-vingts terroristes serait encerclé dans les maquis du Djurdjura, en Kabylie. Parmi eux, semble-t-il, de nombreux étrangers, Mauritaniens et Subsahariens notamment.

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