Et Banny pendant ce temps ?

Publié le 13 mars 2007 Lecture : 2 minutes.

Nulle part sur les seize pages de l’« accord politique de Ouagadougou » le nom du Premier ministre Charles Konan Banny n’est mentionné. Pas même quand le document parle de la mise en place d’un nouveau gouvernement de transition dans les cinq semaines à venir. Et le président ne convainc personne ou presque quand il indique, sans citer nommément Banny : « On ne met pas ce genre de chose [l’identité du Premier ministre, NDLR] dans un accord. Mais pourquoi voulez-vous d’un nouveau Premier ministre ? On peut bien garder celui qui est là. » Le scandale des déchets toxiques qui a éclaté à la fin août 2006 a servi de révélateur au désamour entre Gbagbo et le chef du gouvernement. L’adoption, le 1er novembre, par le Conseil de sécurité de l’ONU de la résolution 1721 qui donnait à ce dernier de larges pouvoirs, a consacré la rupture entre les deux hommes. Les velléités qu’il prête à Konan Banny de chercher à s’émanciper et à le traiter comme n’importe quel autre acteur politique ont fini de le convaincre qu’il ne peut pas travailler avec celui que la communauté internationale lui a d’une certaine manière imposé.
Même s’il annonce n’avoir rien contre Konan Banny, Gbagbo croit sincèrement que les ambitions présidentielles de ce dernier l’empêchent de conduire sereinement sa mission. Et que dans le cadre de l’accord politique de Ouagadougou signé le 4 mars, Guillaume Soro serait à sa place à la primature. Mais l’intéressé, qui revendiquait ce poste à la veille de la nomination de Banny, en décembre 2005, hésite aujourd’hui. Beaucoup de membres de son propre camp ne veulent pas entendre parler d’un tandem avec le chef de l’État et lui-même, qui se sent confusément un peu tendre, craint d’être phagocyté. Avant d’engager les négociations de la capitale burkinabè, il a précisé à l’actuel Premier ministre ainsi qu’à ses partenaires Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara qu’il n’était pas candidat, que le dialogue direct avec le chef de l’État s’inscrivait dans le cadre de la 1721 qui a reconduit Banny dans ses fonctions.
Reviendra-t-il sur sa parole ? Gbagbo parviendra-t-il à l’en convaincre ? En tout cas, il ne s’arrêtera pas de chercher à faire tomber Banny. Cela entre, confient certains de son entourage, dans sa stratégie de conservation du pouvoir. Un attelage avec Soro serait, à ses yeux, un moyen efficace d’isoler Alassane Ouattara pour, le moment venu, en découdre avec Henri Konan Bédié. Le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), la machine électorale que les deux hommes ont mise en place, n’est pour le chef de l’État qu’une sorte de mariage de la carpe et du lapin. Pendant ce temps Konan Banny manque, lui, s’étouffer de colère. Contre Gbagbo, bien sûr.

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