Défection ou enlèvement ?

Publié le 13 mars 2007 Lecture : 2 minutes.

On va sans doute beaucoup parler à l’avenir de l’affaire Ali Reza Asgari, ce général iranien dont on était sans nouvelles depuis son arrivée à Istanbul, le 7 février. C’est le quotidien turc Hurriyet qui, un mois plus tard, a révélé sa disparition. Enlèvement ou défection ? Au début, les spéculations sont allées bon train, mais le mystère s’est rapidement dissipé : tout indique qu’il a « choisi la liberté » et qu’il constitue désormais une carte précieuse entre les mains des Américains (et des Israéliens) dans leur guerre froide – et, demain, chaude ? – contre la République islamique.
Le général Asgari (63 ans) a été un poids lourd du pouvoir iranien : il a été vice-ministre de la Défense sous la présidence de Mohamed Khatami (1997-2005) et a eu la haute main sur les Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique du régime. Dans les années 1980, il a téléguidé des « missions spéciales » au Liban et a participé à la création du Hezbollah, la milice chiite. Plus récemment, il a eu l’occasion d’exercer ses compétences en Irak, en liaison notamment avec l’Armée du Mahdi de Moqtada Sadr.
Lorsqu’il est devenu impossible aux autorités iraniennes de dissimuler son absence, elles ont évoqué son « enlèvement par des services occidentaux » une manière d’avouer leur embarras. Le démenti des Israéliens (« le Mossad ne fait pas ce genre d’opérations », Amir Peretz dixit) a ressemblé à une confirmation. Mais un détail essentiel tend à prouver la thèse de la défection, sans doute organisée par les Américains : la famille du général a quitté le pays. Le 8 mars, un responsable américain a révélé dans le Washington Post que le debriefing d’Asgari avait commencé. Le lendemain, citant l’un de ses anciens camarades, le quotidien Asharq al-Awsat, de Londres, a précisé que l’ancien vice-ministre de la Défense était parti avec armes et bagages, notamment des cartes et documents concernant l’arsenal balistique et nucléaire iranien.
Alors que la politique imprudente du président Mahmoud Ahmadinejad lui vaut critiques et contestations, y compris dans l’entourage du Guide suprême, l’ayatollah Khamenei, la défection d’Asgari n’arrange pas ses affaires.

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