Tunisie : la justice dans le box des accusés

La querelle entre deux piliers de la haute magistrature tourne au grand déballage et relance l’épineuse question de la réforme de l’institution judiciaire. Peines disproportionnées, collusions partisanes, recul des libertés individuelles… Le chantier s’annonce colossal.

Entrée de la salle d’audience du Palais de justice de Tunis (illustration). © Nicolas Fauque

Entrée de la salle d’audience du Palais de justice de Tunis (illustration). © Nicolas Fauque

Publié le 20 mars 2021 Lecture : 5 minutes.

Ils occupent les plus hautes fonctions de la magistrature et sont connus pour s’entendre comme chien et chat. Mais l’antagonisme entre Taïeb Rached, premier président de la Cour de cassation, et Béchir Akremi, ex-procureur de la République auprès du Tribunal de première instance de Tunis, ne relève pas seulement d’une incompatibilité d’humeur.

À l’automne 2020, l’inimitié entre les deux hommes, qui rechignent pourtant à s’exposer publiquement et dont les photographies sont rares, s’est muée en règlements de comptes par médias interposés.

Mais se choisir pour ring les plateaux de télévision et les colonnes des journaux a été fatal aux deux bretteurs. Béchir Akremi avait ouvert les hostilités en novembre 2020 en accusant Taïeb Rached de corruption financière et d’enrichissement illicite… tout en étant lui-même mis en cause dans la gestion des dossiers sensibles des assassinats de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi.

Règlements de comptes

Il aurait ainsi cherché à brouiller les cartes en morcelant les dossiers en différentes affaires. Il lui a été notamment reproché de paralyser les procédures en ne se prononçant pas sur le classement ou non des dossiers. Une obstruction à la justice souvent dénoncée par le comité de défense des deux victimes.

Des accusations reprises par Taïeb Rached. Mais, quand un magistrat en accuse un autre, le coup peut être fatal : le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) a chargé le parquet près le Tribunal de première instance de Tunis d’enquêter sur les deux affaires. Les conclusions de l’inspection générale sont désormais entre les mains du CSM, qui doit statuer sur le renvoi des dossiers au parquet ou considérer qu’un blâme suffira.

Ils symbolisent les deux biais de la justice tunisienne : la corruption financière et la corruption partisane

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