Version africaine

L’éditeur de logiciels ouvre une dixième représentation sur le continent. Et poursuit le développement de systèmes en langues locales.

Publié le 14 février 2007 Lecture : 3 minutes.

Après avoir procédé, le 30 janvier, au lancement mondial de plusieurs solutions logicielles, notamment Windows Vista, Office 2007 et Exchange 2007, Microsoft poursuit parallèlement son extension en Afrique subsaharienne. Après les bureaux de Douala au Cameroun et d’Abidjan en Côte d’Ivoire, la firme de Redmond, aux États-Unis, a ouvert, le 5 février, sa représentation de Dakar au Sénégal. La dixième du genre, quand on prend en compte les régions Afrique de l’Est et du Centre.
L’entreprise fondée en 1975 par Bill Gates et Paul Allen a décidé de décliner son produit phare, Windows, en langues locales. Le logiciel et sa suite bureautique Office (Word, Excel) sont déjà disponibles en swahili et en zoulou. La version wolof du système d’exploitation est attendue par les Sénégalais, dont le gouvernement a signé un « accord stratégique de partenariat » plutôt avantageux avec Microsoft : la firme s’engage à diminuer les coûts des logiciels installés sur les ordinateurs de l’administration sénégalaise. Elle s’engage également à faciliter la gestion des licences, à former enseignants et fonctionnaires.
La pénétration des nouvelles technologies sur le continent est un vaste chantier, qui impose, selon Cheick Modibo Diarra, président de Microsoft Afrique depuis février 2006, de redessiner les icônes, repenser le graphisme, l’ergonomie et toute la symbolique du logiciel afin de mieux l’adapter aux spécificités du contexte africain. Des équipes travaillent déjà avec les départements de langues des universités afin d’établir un glossaire et de codifier ces langues. Le projet s’étendra au peul, au haoussa, etc.
Microsoft s’est essayé avec un succès relatif à la fabrication du matériel. Mais pour l’Afrique, la firme accepte de reconditionner des ordinateurs dans deux centres qu’elle a ouverts en Namibie et au Kenya. On y remet à neuf des ordinateurs usagés dans lesquels Microsoft installe gratuitement son système d’exploitation. Près d’un million d’ordinateurs auraient déjà été rénovés dans ces ateliers, pour le bonheur des bénéficiaires, des universités africaines, dont celles de Thiès et Ziguinchor au Sénégal.
Pourquoi le plus important éditeur de logiciels au monde s’intéresse-t-il tant à l’Afrique ? La contribution du marché africain est pourtant marginale dans son développement. Malgré son programme de formation des enseignants « Partners in learning », son engagement dans le projet des ?e-schools du Nepad et ses dons en matériel, la firme ne fait pas dans l’humanitaire. Elle investit. « Nous misons sur l’immense potentiel humain de ce continent », explique Cheick Modibo Diarra. L’ingénieur astrophysicien reconverti en manager compte réaliser l’objectif que lui a assigné Bill Gates en lui définissant ses missions : former 45 millions d’Africains aux nouvelles technologies avant 2010. Le scientifique malien aime à prophétiser que « lorsque l’Afrique s’éveillera, elle n’oubliera pas ceux qui lui ont tendu la main lorsqu’elle cherchait la voie du développement ».
Globalement, neuf logiciels sur dix utilisés en Afrique sont des contrefaçons. Administrations, entreprises et particuliers ont majoritairement recours à des copies. Dans une perspective à long terme, Microsoft veut inverser la tendance en combattant le piratage et, en même temps, en fiabilisant tout l’environnement des affaires par des systèmes plus sécurisés. « Ça ne peut pas continuer comme ça. Si nous voulons être crédibles aux yeux des investisseurs, nous devons être clean sur le plan des licences », recommande Mouhamed Tidiane Seck, de l’Agence de l’informatique de l’État du Sénégal. S’agissant du débat qui oppose les tenants des logiciels libres (toute personne qui possède une copie peut les modifier et même les redistribuer) aux partisans des logiciels propriétaires, Modibo Diarra préconise de choisir au cas par cas, au gré des besoins. Pour l’instant, c’est un partenariat « gagnant-gagnant » avec l’éditeur de logiciels américain.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires