Libye – Emmanuel Macron : « Les forces turques et russes doivent quitter le sol libyen au plus vite »
À l’occasion de sa rencontre avec le président libyen Mohamed Al Menfi le 23 mars à l’Élysée, le chef de l’État français a voulu marquer son soutien aux nouvelles institutions.
Le nouveau président du gouvernement de transition Mohamed Al Menfi s’est rendu à Paris le 23 mars. Pas de grandes annonces dans les médias, ou de tapis rouge déployé. Le président libyen rencontre Emmanuel Macron sous les ors de l’Élysée, simplement accompagné de l’un de ses vice-présidents, le représentant du Fezzan, Moussa Al Koni. Le président français a octroyé trois quart d’heures d’entretien dans son agenda chargé à son homologue libyen qu’il avait invité à la suite de son élection surprise le 5 février. Dès le 6 février, les conseillers de Menfi ont tenté de nouer des contacts avec l’Élysée et le Quai d’Orsay. Le 7 février, Emmanuel Macron et le nouveau président libyen, par ailleurs francophone, ont eu une conversation téléphonique. C’est le premier voyage à l’étranger de Mohamed El Menfi depuis sa prise de fonctions.
Paris attend aussi un geste de Tripoli pour relancer le contrat de la société Défense Conseil International (DCI), censée livrer des équipements à l’armée libyenne
Emmanuel Macron a aujourd’hui abordé avec son homologue la sortie de crise libyenne, alors que des élections sont prévues en décembre. Les deux hommes ont également discuté des questions liées à la lutte contre le terrorisme et les interférences extérieures en Libye : « Les forces étrangères turques et russes, les combattants étrangers qui ont été importés par ces derniers ou par d’autres sur le sol libyen doivent le quitter au plus vite car c’est aux forces armées libyennes réunifiées sous votre autorité que revient de sécuriser la Libye » a notamment déclaré le président français à l’issue de l’entretien. Pour Paris, l’insécurité au Sahel où des troupes françaises sont engagées est en grande partie liée à l’instabilité depuis 2011 de la Libye.
Lutte contre les trafics
« Il n’y aura pas de paix en Méditerranée centrale et orientale, au Sahel et dans toute cette région de l’Afrique si nous n’arrivons pas à avoir la paix et la stabilité en Libye, si nous n’arrivons pas à y éradiquer les groupes terroristes, les trafiquants de tous ordres qui déstabilisent la Libye et toute la région » a ainsi affirmé Emmanuel Macron. Du côté des dossiers économiques, Paris attend aussi un geste de Tripoli pour relancer le contrat de la société Défense Conseil International (DCI), censée livrer des équipements à l’armée libyenne.
Paris attend un geste de Tripoli pour relancer le contrat de la société Défense Conseil International (DCI), censée livrer des équipements à l’armée libyenne
Très engagé dans le dossier libyen depuis le début de son mandat présidentiel, Emmanuel Macron n’était pas parvenu à mener à son terme la médiation française entre Fayez al-Sarraj et Khalifa Haftar en 2018. Paris avait alors insisté pour que des élections se tiennent en décembre 2018, sans succès. En avril 2019, Khalifa Haftar lançait son offensive sur Tripoli, qui s’achevait à l’été 2020 sur la déroute de ses troupes.
Avec Mohamed Al Menfi, le président français a évoqué la suite du processus politique en Libye : « La priorité sera le maintien du cessez-le-feu, l’unité de toutes les forces politiques et composantes libyennes pour arriver à l’échéance électorale en fin d’année. Ensuite parvenir à l’unification et la professionnalisation des forces armées libyennes au service de la transition et la démocratie. Puis mener l’unification de l’ensemble des structures économiques et financières. »
Emmanuel Macron a également annoncé que l’ambassade de France à Tripoli ouvrira de nouveau ses portes le 29 mars.
Timide relance des relations
La visite de Mohamed Al Menfi à l’Élysée marque un timide renouement des relations avec le gouvernement libyen. La présence du Touareg Moussa Al Koni, au détriment de celle du vice-président représentant la Tripolitaine Abdullah Al-Lafi pourrait faciliter le dialogue à Paris, Moussa Koni étant un interlocuteur régulier de la diplomatie française.
Paris avait misé sur le ticket des concurrents de Mohamed Al Menfi, Aguila Salah Issa, le président de la Chambre des représentants et Fathi Bachagha, l’ex-ministre de l’intérieur
Jusqu’à présent les relations avec le précédent gouvernement d’accord nationale (GNA) étaient glaciales en raison du soutien officieux de la France à Khalifa Haftar. Dans la course à l’élection du nouveau gouvernement réunifié, Paris avait misé sur le ticket des concurrents de Mohamed Al Menfi, Aguila Saleh, le président de la Chambre des représentants et Fathi Bachagha, l’ex-ministre de l’intérieur.
Escales à l’étranger
Introduit le 16 mars à Tripoli, en présence de son prédécesseur Fayez al-Sarraj, Mohamed Al Menfi s’est lancé dans une tournée à l’étranger de réconciliation diplomatique. Il a reçu le 17 mars à tripoli la visite du président tunisien Kaïs Saïed, soucieux de relancer les échanges économiques bilatéraux. Une rencontre symbolique : la dernière visite tunisienne remontait à 2012.
Mohamed Al Menfi est également attendu à Ankara, où le président turc Reccep Tayip Erdogan l’a convié. La Turquie, allié principal du nouveau gouvernement d’union nationale (GNU), est à pied d’œuvre pour s’octroyer le maximum de marchés en Libye, à l’heure de la reconstruction annoncée.
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