Qui c’est ce Carter ?

Publié le 13 février 2007 Lecture : 2 minutes.

Jimmy Carter devrait reverser une partie des droits de son livre Palestine : Peace not Apartheid (« Palestine : la paix, pas l’apartheid ») aux organisations juives américaines. Sans leurs attaques, l’ouvrage n’aurait probablement pas été un best-seller. Il a, en effet, suscité d’innombrables articles et commentaires dans les médias américains. Or, quand un ancien président des États-Unis affronte la colère des juifs, aucune agence d’information ne peut se permettre d’ignorer l’événement. Les juifs sont des acheteurs compulsifs de livres, et un ouvrage dont tout le monde parle finit au moins sur la table basse du salon.

L’une des réactions les plus intéressantes a été celle du professeur Deborah Lipstadt. Pour elle, la première faute de Carter est d’avoir complètement oublié l’Holocauste et son lien avec la fondation d’un État juif. « Maintenant, écrit-elle, face au déferlement des critiques, il se défend à grands coups de poncifs antisémites. » Alors que Carter se montre exceptionnellement sensible aux souffrances des Palestiniens, il oublie « l’héritage de mauvais traitements, d’expulsions et de massacres infligés aux juifs. On ne peut ignorer l’impact de la Shoah sur l’identité juive et l’histoire du Moyen-Orient. [] Son ouvrage, qui remâche l’histoire des réfugiés palestiniens, ne fait que deux vagues allusions à l’Holocauste Très significativement, rien n’est dit de ce qui s’est passé entre 1939 et 1947. [] Pourtant, ces événements ont marqué les esprits de la plupart des peuples du monde entier, persuadés à cette époque de la nécessité pour les juifs de fonder un État sur leur terre ancestrale. »
Pour Israël, le mieux aurait été que les médias américains ignorent le livre. Les organisations juives auraient pu tirer des leçons du passé. Les écrits des professeurs John Marsheimer et Steven Walt sur la puissance du lobby juif aux États-Unis ont failli provoquer un scandale parce que certaines de ces organisations ont fait interdire à New York l’accès d’une salle de conférences où devait se tenir un débat public sur leurs travaux. [] Peut-être, à l’époque, d’autres événements attiraient-ils davantage l’attention du public. Peut-être Marsheimer et Walt n’étaient-ils pas assez importants. Mais les ignorer a certainement contribué à enterrer l’affaire.

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Les scandales provoqués par le livre de Carter ou les travaux de Marsheimer et Walt ne sont pas les premiers. Avant eux, il y a eu Mel Gibson et son film La Passion du Christ. Une vraie resucée des théories antisémites selon lesquelles le Sanhédrin et les institutions juives auraient forcé les Romains à tuer Jésus. Il est raisonnable de penser qu’au XXIe siècle ce film aurait dû être projeté dans les églises des chrétiens fondamentalistes, puis rapidement oublié. Mais la polémique lui a valu un énorme succès commercial qui a fait gagner des millions de dollars à Gibson et à ses associés.
Il faut tirer les leçons de ces affaires, car la dénonciation de l’occupation israélienne et l’antisémitisme vont grandissant. La première encourage l’antisémitisme et le second renforce l’hostilité envers Israël. Dans son combat politique, l’État d’Israël a besoin du soutien des juifs américains. Dans sa lutte contre l’antisémitisme, il a besoin d’un comportement plus réfléchi dans le conflit avec les Palestiniens. Les juifs américains ont tout intérêt à se souvenir de cette relation réciproque. Tout comme les dirigeants israéliens.

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