Les « bronzes du Bénin » bientôt de retour au Nigeria
Alors qu’elle dévoile à Berlin, dans le tout nouveau Forum Humboldt, une bonne partie des objets « ethnologiques » qu’elle détient, l’Allemagne a annoncé discuter avec le Nigeria de la restitution des « bronzes du Bénin » issus du pillage d’Edo par l’armée britannique en 1897.
Le ministère allemand des Affaires étrangères a confirmé être « entré en discussion » avec les autorités nigérianes afin de procéder à la restitution des « bronzes du Bénin », une série de sculptures sur métal datant, pour la plupart, du XVIe siècle et dont les soldats britanniques se sont emparés en 1897, lors du pillage de Benin City, alors appelée Edo.
Selon le média spécialisé The Art Newspaper, le chef du département de la culture du ministère allemand s’est même rendu au Nigeria pendant la semaine du 15 mars afin de discuter avec le gouverneur de l’État d’Edo des modalités de la restitution. Un succès pour Abuja, qui demande à l’Allemagne le retour de ces œuvres depuis 1986, comme l’ambassadeur nigérian à Berlin l’a rappelé le 16 août 2019 dans un courrier adressé à la chancelière Angela Merkel.
530 « bronzes »
L’Allemagne possède 530 de ces fameux « bronzes », soit la deuxième plus importante collection au monde après celle du British Museum de Londres. Après le pillage d’Edo par les troupes britanniques – une expédition punitive organisée en réponse au meurtre d’une délégation de représentants de l’armée britannique à qui le souverain d’Edo avait interdit l’accès à son territoire –, les nombreux objets ramenés en Europe ont été échangés et revendus à de multiples reprises, pour finir par être disséminés jusqu’en Amérique du Nord.
Le débat sur le retour en Afrique des œuvres d’art et objets prélevés durant la période coloniale, provoqué par la parution, en France, du rapport Sarr-Savoy commandé par le président Emmanuel Macron, a été relancé dans tous les pays possédant de grands musées « ethnologiques » abritant de tels artefacts. En Allemagne, la polémique a pris une ampleur particulière du fait, à la fois, de l’histoire récente du pays et de l’ouverture annoncée d’une nouvelle institution culturelle, le Forum Humboldt.
Un coût exorbitant
Lancée en 2013, la construction de ce nouveau musée destiné à abriter 20 000 objets originaires d’Afrique, d’Asie ou d’Océanie et provenant en partie du Musée ethnologique et du Musée d’art asiatique de Berlin, a été critiquée pour son coût jugé exorbitant (677 millions d’euros, soit 100 millions de plus qu’annoncé) mais aussi pour le passé du site. L’ancien bâtiment fut rasé par les bombardements alliés à la fin de la Seconde Guerre mondiale puis reconstruit pour devenir le Palais de la République, siège du pouvoir de l’ex-RDA.
L’édifice avait également servi de résidence aux princes Hohenzollern, dont le nom reste associé à la brève – mais brutale – histoire coloniale du pays
L’édifice avait également servi de résidence aux princes Hohenzollern, dynastie qui a régné sur la Prusse et l’Allemagne jusqu’au début du XXe siècle et dont le nom reste associé à la brève – mais brutale – histoire coloniale du pays.
Du fait de la pandémie de Covid-19 et du confinement, l’inauguration du nouveau musée, en décembre 2020, a d’abord été virtuelle. Mais cela n’a pas empêché l’ambassadeur nigérian en Allemagne, Yusuf Tuggar, de saisir cette occasion pour demander à nouveau le retour des bronzes, dont 180 doivent être exposés au Forum Humboldt.
L’ouverture au public, elle, semble imminente. De son côté, le Nigeria prévoit d’accueillir les bronzes dans un nouveau musée qui doit être construit à Benin City et dont les plans ont été conçus par l’architecte star anglo-ghanéen David Adjaye.
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