[Tribune] Le Bénin à l’heure du choix

En lice pour un nouveau mandat lors de l’élection du 11 avril, le président Patrice Talon est la cible de virulentes attaques de la part de ses détracteurs, qui passent sous silence son bilan.

Le président béninois Patrice Talon en tournée de reddition de compte à Akpro-Missérété, le 14 janvier 2021. © Présidence Bénin

Le président béninois Patrice Talon en tournée de reddition de compte à Akpro-Missérété, le 14 janvier 2021. © Présidence Bénin

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Publié le 24 mars 2021 Lecture : 7 minutes.

Nous assistons, incrédules et presque tétanisés, depuis maintenant plusieurs mois, à l’avalanche de récriminations tenaces et d’invectives ad hominem exaspérées en guise de débats et d’animations politiques.

Le chef de l’État, le président Patrice Talon, pourtant régulièrement élu au suffrage universel, est le pestiféré désigné, à tue-tête et à longueur de journée, à la vindicte populaire. Les auteurs de ces diatribes sans fin ne réalisent même pas qu’en s’en prenant de cette manière au président, ils piétinent l’image même de ce pays, qu’ils prétendent vouloir incarner.

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Assauts haineux

Il n’a échappé à aucun de nos compatriotes que l’intérêt de la population n’a pas la moindre place dans ces assauts haineux, baignés de mauvaise foi caractérisée et portés par des visées destructrices non dissimulées. Le Bénin est-il enfin réellement en construction ? S’enrichit-il de plus en plus, au plan économique, grâce à une production croissante et variée ? Les vrais problèmes de la formation adéquate et de l’activité professionnelle de nos jeunes compatriotes sont-ils enfin posés ? Les chemins de notre destin commun connaissent-ils, pour une fois, un début de débroussaillage ? Aucune de ces considérations n’effleure l’esprit des détracteurs.

Des enfants de ce pays ont travaillé avec un acharnement rare afin de faire dire aux certificateurs autoproclamés des régimes démocratiques africains que notre pays est sorti des rangs. Nous ne serions plus dans un système politique où les principaux dirigeants sont élus par le peuple souverain. Chez nous, il n’y aurait plus que la géhenne pour tous les acteurs politiques à l’opinion discordante en même temps que la parole libre et objective serait châtiée.

Que pèse donc le jugement, voulu sans appel, de ces contempteurs ?

Que pèse donc le jugement, voulu sans appel, de ces contempteurs ? On cherchera vainement la réponse à cette interrogation. En vérité, il n’y a rien à voir, mise à part la pratique sociale pernicieuse pour l’intérêt général de certaines de ces personnes qui pleurent le règne, encore récent, de la chienlit économique et financière dans la gestion du pays, les négociations incroyablement intéressées dans la genèse des actes politiques, les arrangements inavouables de toutes sortes au détriment de la collectivité. Le dépouillement des oripeaux d’une gestion publique sans lendemain ne fait manifestement pas l’affaire de tout le monde.

Démocratie perdue

Naturellement, une certaine presse dont les motivations réelles n’échappent à personne, n’en demande pas tant pour porter au firmament les accusations dégradantes à l’encontre du Bénin et distinguer notre place, sur une base imaginaire et malicieuse, les bons partis d’opposition, les opposants véritables et les authentiques candidats aux élections.

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Alors, puisque le régime politique de notre pays a été déclassé à cœur-joie, on veut, faute de pouvoir, nous proposer autre chose pour la résolution de nos problèmes vitaux, nous redonner la démocratie perdue. Mais, au fond, c’est quoi un système démocratique ? Si l’on s’en tient aux observations du Réseau du savoir électoral du Projet administration et coût des élections (ACE) du système des Nations unies, les normes d’évaluation permettant de conclure à l’existence de la démocratie dans un pays donné se déclinent ainsi qu’il suit :

• « Le gouvernement doit exercer un contrôle sur les décisions politiques des élus.

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• Les élus doivent être choisis lors d’élections périodiques et équitables.

• Les élus doivent être en mesure d’exercer leur pouvoir constitutionnel sans faire face à une opposition dominante de personnes non élues.

• Le vote doit être universel.

• Tout citoyen adulte doit jouir du droit de se présenter comme candidat lors des élections.

• Les citoyens doivent avoir le droit d’exprimer leurs opinions sur les questions politiques dans leur ensemble sans crainte de représailles par l’État.

• Les citoyens doivent avoir le droit de chercher des sources différentes d’information, telles que les médias, et de telles sources doivent être protégées par la loi.

• Les citoyens doivent avoir le droit de former des associations et organismes indépendants, y compris des partis et groupes d’intérêts politiques indépendants.

• Le gouvernement ne doit pas subir une influence étrangère (telle que celle imposée par des alliances et des blocs.)

Égalité des chances

Nous avons appris, par ailleurs, que le défi d’un régime démocratique est de pouvoir accorder liberté et égalité, les droits formellement garantis devant toujours se traduire par l’égalité des chances. Il n’est pas parvenu à notre connaissance que la République du Bénin, pourvue désormais d’une gestion publique rigoureuse, dément cette équation dans son fonctionnement.

À quoi tient la conclusion qui postule que le système politique démocratique a déserté la République du Bénin ?

D’un autre côté, il est couramment admis que la démocratie se nourrit de la concertation et de la discussion, les remises en cause et les réajustements des options politiques étant toujours envisageables. En octobre 2019, le président Talon a donné la mesure de sa volonté et de sa capacité de mener de tels échanges en convoquant un dialogue politique impliquant toutes les forces qui y étaient disposées.

Le président béninois Patrice Talon à Tanguiéta, le 10 janvier 2021. © Présidence Bénin

Le président béninois Patrice Talon à Tanguiéta, le 10 janvier 2021. © Présidence Bénin

Puisqu’il en est ainsi, à quoi tient la conclusion qui postule que le système politique démocratique a déserté la République du Bénin ? Quelle autre démocratie nous promet-on donc ? Disons tout de suite que le parrainage des candidats à la présidence de la République, instauré par la loi, n’est nullement synonyme d’exclusion et se pratique dans toutes les démocraties qu’on nous offre en prototype : il participe de l’assainissement nécessaire des mœurs électorales.

Confiscation du débat constitutionnel

De même, lorsque des compatriotes, désireux de participer à l’animation de la vie publique, décident volontairement de se soustraire à une consultation électorale, celle-ci n’en produit pas moins tous ses effets. Aucune vaine tentative de confiscation et de monopolisation du débat constitutionnel ne pourrait vider cette réalité de sa substance.

On a voulu nous persuader que lorsque certains prétendants à l’action politique prennent librement le parti de ne pas se soumettre à une consultation électorale et de déserter le verdict populaire, le scrutin organisé sans leur participation (et que, par ailleurs, ils ont tenté de saboter en usant de voies et moyens innommables), n’en est pas un.

On nous a dit que l’institution judiciaire est disqualifiée pour demander des comptes à un gestionnaire public, à tout acteur économique en relation avec l’administration ou à tout individu en délicatesse avec la loi dès lors que ces personnes se réclament, de près ou de loin, d’une activité politique. On a prétendu qu’un gouvernement démocratique doit rester indifférent face à une manifestation publique violente, avec destruction de biens publics et privés.

Après avoir déversé des tombereaux d’anathèmes à l’endroit de nos dirigeants on nous somme de hurler avec les loups que la liberté d’expression est abolie au Bénin.

On nous dicte qu’une révision constitutionnelle ne devrait pas se suffire du respect de la procédure prévue à cet effet par le constituant lui-même ou encore que le juge constitutionnel serait tenu, pour rendre une justice véritablement bonne et digne d’éloge, de prendre des libertés avec la lettre claire et sans ambiguïté de la loi.

Comment donc peut-on légitimement et sérieusement inviter ce dernier à trahir les dispositions de la loi relatives au parrainage, préalablement jugées conformes à la Constitution ?

Falsifications de l’histoire

Pour faire avaler ces falsifications de l’histoire, on a voulu nous faire admettre que le débat constitutionnel est un domaine réservé, mystérieux et que, donc, il importait d’en écarter tout citoyen et même tout juriste qui n’y serait pas spécialement initié.

La Constitution est consentie par le peuple souverain décidant directement par voie référendaire ou indirectement, à une majorité qualifiée, par l’entremise de ses représentants que sont les parlementaires. Comment donc nous faire accroire que ce peuple-auteur ne comprendrait rien à son œuvre ?  La réalité est que, tout citoyen ou toute citoyenne sachant lire et écrire, pour peu qu’il ou elle le veuille réellement, est bien en mesure d’en dire très long sur les dispositions de notre Constitution.

Une affiche du président béninois Patrice Talon, en tournée à Ouidah, le 8 décembre 2020. © Présidence béninoise

Une affiche du président béninois Patrice Talon, en tournée à Ouidah, le 8 décembre 2020. © Présidence béninoise

La maîtrise de la Constitution de notre pays n’est donc définitivement pas l’apanage de quelques initiés

Tous les juristes ayant en partage le droit constitutionnel savent, qu’en définitive, la Constitution est la source première du droit et aucun d’entre eux, de quelque option que ce soit, ne doit jamais l’ignorer. L’étude de l’organisation générale et du fonctionnement de l’État et des pouvoirs publics, du mode d’établissement, d’exercice et de transmission de l’autorité de l’État est, en effet, le premier viatique de tout juriste.  Tous et toutes ont été formés à la connaissance des organes et des attributs de l’État.

Mieux encore, dans notre organisation juridique et judiciaire, il est établi, en vertu de l’article 122 de la Constitution, un contrôle de constitutionnalité des lois. La maîtrise de la Constitution de notre pays n’est donc définitivement pas l’apanage de quelques initiés. Les juristes et surtout les praticiens du droit de la République du Bénin sont bien au fait de la procédure de contrôle de constitutionnalité des lois qui fait de la loi fondamentale leur outil professionnel de base.

Le choix de la renaissance

Nous rappelons à nos compatriotes que l’heure du choix de nos dirigeants est de nouveau proche. À cette occasion, nous les invitons tous et toutes, dans l’intérêt bien compris de notre devenir commun, à ce que ni notre esprit, ni nos mains ne tremblent ou ne défaillent pour exprimer notre choix, celui de la renaissance de notre pays et celui de la consolidation de la dynamique de redressement.

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