Fin du show à Singapour

Un an après son inauguration en fanfare, l’antenne asiatique du célèbre cabaret Crazy Horse ferme ses portes, faute d’amateurs.

Publié le 14 février 2007 Lecture : 2 minutes.

Un an après son ouverture en fanfare dans la très conservatrice cité-État de Singapour, l’antenne du mythique cabaret parisien Crazy Horse ferme ses portes, faute de clientèle. Le dernier spectacle, le 31 janvier, n’a pas, plus que les précédents, fait le plein : 65 % seulement des 450 places étaient occupées. Des résultats jugés insuffisants au siège parisien par le Belge Philippe Lhomme, président du Groupe Crazy Horse. Pour lui, le cabaret se gère comme « une grosse PME de l’entertainment ». Côté singapourien, l’échec n’est avoué qu’à demi-mot. « C’est une question de timing. Peut-être était-il prématuré d’introduire des attractions de ce type sur l’île », dit Goh Min Yen, la directrice de la société Eng Wah, chargée de la promotion du Crazy Horse local.
Pourtant, on avait utilisé tous les atouts du célèbre temple du nu parisien pour réaliser la plus importante attraction de la cité du Lion (Singa Pura, en sanskrit). L’inauguration avait eu lieu le 1er décembre 2005 à Clarke Quay, haut lieu de la vie nocturne singapourienne, sur une superficie de 1 500 m2 avec bar et restaurant. Au programme, quinze danseuses parmi les meilleures de Paris. Sous les noms de scène de Fasty Wizz, Lady Pousse-Pousse, Loa Vahina ou encore Rosa Chicago, elles ont, au geste près, reproduit le spectacle de l’avenue George-V : même show, mêmes règles et même mise en scène. Mais, à l’inverse du Crazy Horse de Las Vegas, exploité en partenariat avec l’hôtel MGM Mirage depuis 2001, le succès n’a pas été au rendez-vous. Le taux de fréquentation est resté désespérément faible. Les habitants de la cité, en majorité des Chinois (76,7 %), pour la plupart bouddhistes ou musulmans, n’ont pas apprécié le show à la française. La culture asiatique a du mal à accepter des spectacles présentant des danseuses très dévêtues. « Un mélange de vulgarité et d’indécence », jugeait un groupe de spectateurs à la sortie de la première représentation, en décembre 2005, dans les colonnes du quotidien singapourien Today. Quant aux touristes, venus à Singapour en grand nombre en 2006 – 9,7 millions -, ils préfèrent manifestement visiter les monuments de la cité, tels que la cathédrale Saint-Andrew, le temple de Thian Hock Keng ou encore le site Chijmes, qui offre grâce à sa chapelle restaurée un cadre spectaculaire pour les concerts, les récitals et autres représentations théâtrales.
Pari raté donc pour Singapour, qui, en levant l’interdiction pesant sur les casinos, night-clubs et lieux de spectacle tels que le Crazy Horse, tente de se défaire de son image de cité-État pudibonde. La directrice singapourienne ne se décourage pas pour autant. Elle promet que, dans quelques années, de tels spectacles connaîtront un succès retentissant. En attendant, Fasty Wizz, Rosa Chicago et les autres sont rentrées. On peut désormais aller les admirer à Paris, avenue George-V.

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