Tunisie : Paris et Washington s’invitent dans le débat politique
Quand Abir Moussi dénonce l’ingérence américaine dans les affaires tunisiennes, les islamistes d’El Karama visent eux l’influence de la France. Au-delà de leur pertinence, les accusations révèlent un souverainisme sourcilleux, devenu central dans le débat politique.
Depuis le sommet mondial WION sur le thème du « jeu de pouvoir dans un monde post-pandémique » à Dubaï, le 24 mars 2021, Youssef Chahed, ancien chef du gouvernement et président du parti Tahya Tounes, prévoit qu’à l’avenir « l’implication des États-Unis pourrait être plus réduite » en Tunisie.
Était-ce une manière pour l’ex-candidat à la présidentielle tunisienne, que soutenait ostensiblement l’ambassadeur français Olivier Poivre d’Arvor, de signifier que les Américains ont d’autres intérêts géostratégiques que la Tunisie et que les Français n’ont pas à s’inquiéter de leur influence ?
Abir Moussi, présidente du Parti destourien libre (PDL), pense tout le contraire. Elle est persuadée de l’ingérence des États-Unis dans les affaires tunisiennes et en veut pour preuve la présence du National democratic institute (NDI), ONG de soutien à la démocratie proche des démocrates américains, au Parlement tunisien, un fait qui lui a été révélé par André Parant, ambassadeur de France en Tunisie lors de leur première rencontre le 17 février 2021. Le sujet n’était pas au programme de l’entretien entre le diplomate et Abir Moussi mais des observateurs, à partir d’une vidéo mise en ligne par le PDL, ont cru lire sur les lèvres du représentant français qu’« il (allait) falloir s’attaquer au NDI », une interprétation démentie par l’ambassade de France à Tunis.
La présidente du groupe parlementaire du PDL livre depuis bataille au NDI dont elle assure qu’il rémunère des députés, même si elle est formellement démentie par le deuxième vice-président de l’Assemblée, l’indépendant Tarek Fetiti. Dans les faits, le NDI, comme le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) sur d’autres projets, prend en charge, depuis 2012, la formation de quelques 76 assistants parlementaires sur un an.
La « main de l’étranger »
Quelques jours plus tard, elle prend à partie sur Facebook l’ambassadeur américaine Donald Blome, qui a eu le tort de rencontrer Rached Ghannouchi, président de l’Assemblée, le 23 février. Abir Moussi pourfend l’ambassadeur américain pour avoir « préféré rencontrer le cheikh des Frères musulmans qui a sollicité la protection et l’assistance de l’Amérique pour rester au pouvoir et envoie son assistant rencontrer la présidente du Parti Destourien Libre ».
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