Descente aux enfers

Publié le 13 février 2007 Lecture : 2 minutes.

Depuis plusieurs mois, un virulent conflit opposait Herbert Murerwa, le tout-puissant ministre zimbabwéen des Finances, à Gideon Gono, le gouverneur de la Banque centrale, sur la manière de juguler l’hyperinflation – 1 281 %, record du monde pour un pays en paix ! – et de relancer l’économie sinistrée de l’ancien « grenier » de l’Afrique australe. Le 7 février, le président Robert Mugabe a tranché : Murerwa a été limogé.
Depuis sa nomination, en 2004, le très ambitieux Gono, un banquier venu du secteur privé, est parvenu à rogner peu à peu les prérogatives de son rival. Mugabe lui a notamment accordé un chèque en blanc pour arrêter l’inflation. Désespérés par la baisse constante de leur pouvoir d’achat consécutive à la hausse des prix, les Zimbabwéens n’ont rien trouvé à y redire. Il faut dire qu’ils n’attendaient plus grand-chose de la politique de Murerwa (65 ans), un économiste passé par Harvard qui siège au gouvernement depuis 1990.
Mais Gono n’a pas fait beaucoup mieux. En guise de politique économique, il s’est borné à faire tourner à plein régime la planche à billets. Résultat : les coupures émises en février 2006 se sont trouvées périmées dix mois plus tard. De même, il a proscrit l’usage du dollar américain, interdit l’ouverture de comptes en devises, dévalué le dollar zimbabwéen (en mai), puis fermé les agences de transfert d’argent et les bureaux de change. Pour justifier sa politique, le très croyant « tsar de l’économie zimbabwéenne » s’aide de métaphores tirées de la Bible
Les conséquences sur le terrain sont dramatiques : effondrement du pouvoir d’achat, explosion du marché noir Dans l’espoir de relancer l’agriculture et de stabiliser les prix, le gouvernement, aux abois, en est arrivé à supplier les fermiers blancs expropriés il y a quelques années de bien vouloir reprendre leurs anciennes exploitations. De leur côté, les policiers exigent une augmentation de leurs salaires de 1 000 %, faute de quoi ils menacent de se mutiner. Les syndicats préparent des journées « ville morte », l’électricité et l’eau sont rationnées et une épidémie de choléra s’est déclarée près de Harare.
Sur le plan politique, Mugabe (83 ans) est de plus en plus isolé. Même les parlementaires de son propre parti ont hésité à voter la prorogation de son mandat jusqu’en 2010. Le début de la fin ?

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