Amenounve, Wadagni, Védrine… 24 personnalités se penchent sur les dettes africaines

Porté par des personnalités du monde politique et économique, un think-tank veut proposer des solutions pour améliorer l’accès aux capitaux du continent.

Quartier du port de Cotonou, au Bénin. © Jacques Torregano pour JA

Quartier du port de Cotonou, au Bénin. © Jacques Torregano pour JA

Publié le 26 mars 2021 Lecture : 3 minutes.

Dans la suite des réflexions sur la dette souveraine des États africains lancées en 2020 par plusieurs personnalités africaines, financeurs et juristes notamment à Paris, un nouveau think tank entend approfondir la thématique et adresser plus largement le sujet du financement public et privé sur le continent

Dénommée A New Road (Une nouvelle route) pour A new Round-Table On African Debts (une nouvelle table-ronde sur les dettes africaines) cette structure est née d’une initiative d’Anne-Laure Kiechel, ancienne de Rothschild & Co et fondatrice du consultant Global Sovereign Advisory et de Nicolas Jean, associé et membre du comex du cabinet d’avocats d’affaires Gide Loyrette Nouel, en pointe sur le sujet.

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« A New Road ne sera pas une structure de lobbying ou de réseautage mais un espace de réflexion porté essentiellement par des acteurs africains », assure à Jeune Afrique Nicolas Jean. « Au-delà du traitement à chaud des dettes, sujets dont se sont emparés notamment le G20 et le FMI par un mécanisme de traitement commun, l’amélioration des conditions de financement des États et des projets privés reste une problématique à part entière. Il y a matière à réflexion et surtout à amélioration de la situation. C’est ce à quoi nous voulons contribuer », explique-t-il.

Dirigeants et conseillers

La structure enregistrée à Paris compte 24 fondateurs comprenant des ministres, des dirigeants de groupes africains ou européens, des conseillers financiers ou encore des avocats. Parmi ceux-ci,  Siandou Fofana, ministre du Tourisme de Côte d’Ivoire, Sandra Ablamba Johnson, secrétaire générale de la présidence du Togo, ou encore Romuald Wadagni, ministre de l’Économie du Bénin.

Côté français, les anciens ministres Hubert Védrine et Najat Vallaud Belkacem ont répondu à l’appel, de même que Pedro Novo, directeur en charge de l’Export de BPIfrance ou Wilfrid Lauriano do Rego, président de KPMG France et coordonnateur du Conseil présidentiel pour l’Afrique. Mario Pezzini, directeur du Centre de développement de l’OCDE figure aussi sur la liste de même que Roselyne Chambrier, directrice d’Arise Côte d’Ivoire ou Félix Edoh Kossi Amenounve, directeur général de la BRVM.

Le lancement du think tank s’effectuera le 21 avril à Abidjan sous forme virtuelle et présentielle.  Et il entend être partie prenante du sommet sur le financement de l’Afrique organisé par Emmanuel Macron à Paris et prévu ce 18 mai.

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L’emprunt plus cher en Afrique

La problématique centrale ? « À niveau d’endettement ou de croissance comparable, l’émission commerciale de dette souveraine en Afrique reste plus coûteuse et les taux plus élevés que dans d’autres régions du monde comme l’Asie du Sud-Est ou l’Amérique latine. Il y a une prime de risque négative sans justification » déplore Nicolas Jean.

Cette situation vaut selon lui, pour le marché des « bonds » souverains, mais aussi pour les projets publics-privés dans les infrastructures ou même les projets purement privés et « bancables ». « Les mauvaises conditions comparées de financement constituent un frein, y compris pour les projets potentiellement rentables pourtant aujourd’hui nombreux», martèle l’avocat.

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Parmi les thèmes de réflexion figurent par exemple les moyens de trouver une meilleure utilisation des fonds de garantie sur les projets d’infrastructures ou les émissions souveraines pour libérer des capacités d’endettement supplémentaires. Autre sujet : les modes de financements des études préalables aux projets d’infrastructures notamment, là aussi jugés non satisfaisants et facteurs de blocage.

Croiser les expériences et les réflexions

Le secrétariat général de A New Road, structure légère, sera assuré notamment par les équipes de Gide. Plus grosse structure francophone opérant sur le continent (90 avocats impliqués), et premier cabinet du classement annuel des avocats Jeune Afrique en 2020, en Gide Loyrette Nouel a récemment renouvelé son état-major en faisant une place importante aux spécialistes de l’Afrique, Jean-François Levraud, ancien responsable du bureau de Casablanca, a ainsi été nommé associé gérant.

« L’intérêt du think tank c’est de marier les compétences, indique ce dernier. Lors de nos séminaires web sur le sujet l’an dernier, nous nous sommes rendus compte que les experts, acteurs publics ou privés, juristes ou industriels, travaillent encore beaucoup “en silos”, sans croiser les expériences et les réflexions sur les sujets de financement. L’idée est précisément de diversifier les points du vue sur ce sujet crucial des financements pour progresser et accélérer le développement du continent ».

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