Pauvres Arabes !

Publié le 12 janvier 2004 Lecture : 2 minutes.

En termes d’image, les Arabes – qu’ils soient du Maghreb ou du Machrek – se sont assez tristement illustrés en cette fin d’année 2003. Le 13 décembre, Saddam Hussein, l’homme qui prétendait descendre tout à la fois de Nabuchodonosor, de Mahomet et de Saladin, le champion du panarabisme (virtuellement) triomphant, s’est fait cueillir dans un trou à rats par un soldat inconnu. Impitoyables, les Américains l’ont exhibé devant les caméras : il avait des allures de clochard.
La semaine suivante, le sommet du Conseil de coopération du Golfe, un ensemble régional qui dispose de la moitié des réserves pétrolières de la planète, s’est réuni au Koweït. Le président de séance, l’émir Sabbah Al-Sabbah, faisait peine à voir : il est quasi grabataire. Son regard hagard rappelait un peu celui du raïs irakien face à ses geôliers…
Quelques jours plus tard, Ahmed Maher, le chef de la diplomatie égyptienne, a débarqué à Jérusalem pour tenter une médiation entre Israéliens et Palestiniens. Profitant de l’occasion, il s’est rendu à la mosquée d’El-Aqsa, troisième Lieu saint de l’islam, où, à peine arrivé, il a été bombardé à coups de chaussures par des militants islamistes. Victime d’un malaise, il a fallu que des policiers israéliens le sortent de ce guêpier.
Même en Afrique, les Arabes se signalent de la plus mauvaise façon. Un seul pays n’appartient à aucune des cinq organisations régionales que compte l’Union africaine : l’Égypte. Et seule une de ces organisations connaît de graves dysfonctionnements : l’Union du Maghreb arabe (UMA), dont les institutions sont presque gelées depuis 1994, date du dernier sommet. L’affaire du Sahara occidental, que se disputent le Maroc et les indépendantistes du Polisario soutenus par l’Algérie, constitue, on le sait, le principal handicap à l’intégration maghrébine, mais ce n’est pas le seul. Le gouvernement mauritanien accuse par exemple la Libye de soutenir les velléités putschistes de l’opposition. Et Mouammar Kadhafi n’a jamais pardonné à Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya de maintenir des relations diplomatiques avec Israël…

L’intégration économique de l’Afrique du Nord étant désormais une exigence de Bruxelles, Paris et Washington, Abdelaziz Bouteflika, le chef de l’État algérien, a tenté de réunir ses pairs les 23 et 24 décembre. Mais le souverain marocain a fait savoir qu’il ne pourrait faire le déplacement et se ferait représenter. Quant au Guide de la Jamahiriya, il a demandé un report de quinze jours, aussitôt refusé par Bouteflika. Les cinq ministres des Affaires étrangères ayant fini par se rencontrer à Alger, le numéro un algérien en a profité pour « refiler » la présidence en exercice de l’UMA à Kadhafi, qui ne l’a acceptée qu’à contrecoeur. C’est qu’il a actuellement d’autres chats à fouetter : n’a-t-il pas promis aux Américains et aux Britanniques de détruire des armes de destruction massive qu’il ne possède pas ? Rabat impute à Alger l’échec du Sommet. Tunis et Nouakchott ne soufflent mot : le spectacle étant suffisamment affligeant, nul besoin, il est vrai, d’en rajouter.
Si le ridicule était un trou et que les Arabes en touchaient le fond, ils continueraient sans doute de creuser.

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