Messieurs, à vous de jouer…

Déjà stars dans leurs pays ou étoiles montantes, ils auront à cur de montrer toute l’étendue de leur talent.

Publié le 12 janvier 2004 Lecture : 8 minutes.

Mahamadou Diarra
Mali (milieu)
Formé au centre Salif-Keita de Bamako, Mahamadou Diarra, le jeune milieu-récupérateur malien, demi-finaliste de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2002, a su s’imposer au sein du club français le plus huppé, l’Olympique lyonnais (OL). Arrivé au début de la saison 2002-2003, Diarra, qui avait joué trois saisons au Vitesse Arnhem (Hollande), a rapidement gagné ses galons de titulaire. C’est en Ligue des champions européenne, lors de confrontations mémorables avec l’Inter de Milan, que Diarra est définitivement entré dans les petits papiers de l’entraîneur Paul Le Guen. Récupérateur infatigable, il peut se montrer perforant quand il fait remonter le ballon devant. Même s’il marque rarement… Joueur racé et élégant, chose assez rare à son poste, Diarra n’a que 22 ans et l’avenir devant lui. Champion de France la saison dernière, encore en course pour le titre cette année, l’OL est qualifié pour les huitièmes de finale de la Ligue des champions. En attendant, élu meilleur espoir de la CAN 2002, Diarra aura à coeur de faire aussi bien en Tunisie…

Samuel Eto’o fils
Cameroun (attaquant)
C’est tout simplement le meilleur joueur africain en activité. À 22 ans et quelques mois, le sociétaire du Real Majorque (Espagne), déjà auteur d’une grosse dizaine de réalisations cette saison, s’est construit un palmarès impressionnant avec les Lions indomptables : deux CAN, en 2000 et 2002, une médaille d’or aux J.O. de Sidney 2000, et une place de finaliste en Coupe des confédérations, en juin 2003. Avec Majorque, il a gagné la Coupe du roi la saison dernière et pris une part déterminante à l’humiliation de son ancien club, le Real Madrid, défait 5 à 1 sur son terrain de Santiago Bernabéu, le 3 mai 2003. De lui, Patrick Mboma, son ancien complice à la pointe de l’attaque des Lions, dit volontiers que c’est peut-être le joueur camerounais le plus doué de l’Histoire. Star annoncée de cette CAN tunisienne, c’est sur ses épaules que reposera la pression de tout un peuple : le Cameroun, tenant du titre, doit se racheter de son élimination sans gloire au premier tour de la Coupe du monde asiatique, en juin 2002. Mais Eto’o, qui rêve de poursuivre sa jeune carrière en Angleterre, à Manchester United, a maintenant l’habitude des grands rendez-vous…

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Francileudo Santos
Tunisie (attaquant)
Le virevoltant attaquant du FC Sochaux sera l’une des principales attractions de la CAN 2004. Brésilien de naissance, le très efficace buteur n’est tunisien que depuis… le 12 décembre 2003. Au début de l’automne, le sélectionneur Roger Lemerre, confronté au manque de réalisme chronique de ses attaquants, a sollicité l’ancien joueur de l’Étoile sportive du Sahel, le club de Sousse dont il a porté le maillot à cinquante reprises de 1998 à 2000, marquant 32 buts. Le Brésilien ayant accepté de bon coeur, les autorités se sont empressées d’engager la procédure de naturalisation. Santos, cela ne s’invente pas, est né un 20 mars, date de la fête nationale tunisienne. Pour Nabil Maâloul, l’entraîneur adjoint des Aigles de Carthage, son intégration ne devrait pas poser de problèmes car il a déjà joué à l’Étoile avec Jaziri et Ghodbane, deux des cadres de l’équipe nationale. Avec Sochaux, Santos, 25 ans, est devenu un des joueurs les plus en vue du championnat de France. Meilleur buteur du club en D2 en 2000-2001 (21 réalisations), blessé en 2001-2002, il s’est bien repris la saison passée (8 buts). Cette année, il a déjà dépassé les 13 buts, si l’on ajoute aux 10 marqués en championnat les 3 passés au Borussia Dortmund en Coupe de l’UEFA.

Mido
Egypte (attaquant)
Il est jeune (21 ans), grand (1 m 90), plutôt beau gosse, et possède un caractère bien trempé. Côté football, il est indéniablement doué : frappe impressionnante du gauche, technique au-dessus de la moyenne et, surtout, un jeu de tête et une efficacité redoutables. À preuve, ses 13 buts en 26 rencontres avec la sélection égyptienne et ses 41 buts en 80 matchs joués dans les différents championnats qu’il a parcourus. Ahmed Hossam, dit Mido, est né à Héliopolis le 23 février 1983. À 17 ans, ce fils d’ancien footballeur fait ses grands débuts au Zamalek, club de la capitale. Il y joue quatre matchs en 1999-2000. Bilan : 3 buts. Repéré par l’entraîneur français Patrick Rémy, il le rejoint à La Gantoise (Belgique). Ses performances (11 buts en 23 matchs) attisent les convoitises. Il file à l’Ajax d’Amsterdam pour deux saisons. La première est une réussite (12 buts en 24 matchs). Au cours de la seconde, un conflit l’oppose à son entraîneur Ronald Koeman. Le côté « tête de mule » de Mido reprend le dessus, le clash est inévitable. Prêté six mois au Celta Vigo (Espagne), il rejoint l’Olympique de Marseille (OM) à l’été 2003 pour la bagatelle de 6 millions d’euros. Son entente avec l’Ivoirien Didier Drogba fait merveille les deux premiers mois de la saison. Puis l’OM s’enlise dans une série de défaites. Paradoxalement, c’est dans ces moments difficiles qu’il émerge et marque but sur but. Reste que le prodige égyptien a encore du chemin à parcourir. Discipline, tactique, hygiène de vie (quelques kilos superflus) : sa marge de progression est importante.

Steven Pienaar
Afrique du Sud (milieu)
En dépit de résultats en dents de scie depuis la CAN 2002, rendons cette justice aux différents techniciens ayant eu à diriger les Bafana Bafana sud-africains de n’avoir jamais hésité à lancer dans le grand bain les plus précoces talents du pays. Aaron Mokoena, Sibaya Mac Beth et autres Carnell Bradley ont ainsi fait leurs armes lors du Mondial asiatique. Pas étonnant alors que Steven Pienaar, le petit prodige de l’Ajax Amsterdam, leur emboîte le pas. À 21 ans, l’enfant de Westbury (township du Cap) possède déjà, il est vrai, toutes les qualités pour s’exprimer sur la scène internationale : une très bonne vision du jeu, des dribbles courts déroutants, de l’adresse et du… métier. « Joue pour le plaisir ! Éclate-toi ! » ne cesse de lui répéter son entraîneur Ronald Koeman. Et « Schillo » de progresser et de prendre du coffre. Le sélectionneur sud-africain « Shakes » Shabalala a fait de l’ex-élève de la Transnet School of Excellence et ex-sociétaire de l’Ajax Capetown une pièce maîtresse des Bafana Bafana. Pienaar est sur les traces de son illustre aîné : John « Shoes » Moshoeu, le champion d’Afrique 1996, qui sera son coéquipier à Monastir et à Sfax.

Carlos Idriss Kameni
Cameroun (gardien de but)
Déjà stars dans leurs pays ou étoiles montantes, ils auront à coeur de montrer toute l’étendue de leur talent.
Les Lions indomptables ont peut-être trouvé en Carlos Kameni le digne successeur des légendaires Thomas N’Kono et Joseph-Antoine Bell, les gardiens des années 1978-1994. À 16 ans, Carlos, colosse au sourire d’enfant, avait réussi une entrée très remarquée dans le gotha du football mondial en réalisant d’extraordinaires parties aux jeux Olympiques de Sydney 2000. À 6 ans, Carlos tape dans le cuir dans les rues de Yaoundé. À 12 ans, il s’inscrit à la Kadji Sport Académie de Douala. À peine quelques semaines d’apprentissage et Gilbert Kadji, le directeur de l’école, l’envoie au FC Sion (Suisse). Kameni séjourne dans le Valais jusqu’à l’été 2000. Il atterrit ensuite au centre de formation du Havre athlétique club (HAC), en France. Pendant deux saisons, il fait la navette entre Sion et Le Havre où, en dépit de son palmarès, il n’est pas utilisé par l’équipe première. International en puissance, il est réserviste lors de la CAN 2002 et du Mondial asiatique. En janvier 2003, le HAC le prête à l’AS Saint-Étienne, où il fait aussi banquette. En juin-juillet, la Coupe des confédérations organisée en France le remet en selle. On l’annonce à la Juventus de Turin puis à Pérouse. Bordeaux est intéressé. Finalement, c’est le club anglais de Wolverhampton qui l’engage. Mais le Camerounais n’obtient pas de permis de travail : retour au Havre, qui est descendu en division II. Carlos ne joue ni en équipe première ni en réserve. Marseille se présente. Le HAC demande 2 millions d’euros. Trop cher. Et voilà comment un gardien aux qualités physiques exceptionnelles est contraint à l’inactivité. Heureusement, il y a les Lions indomptables…

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Mamadou Niang
Sénégal (attaquant)
Voilà bientôt quatre ans que Mamadou Niang fréquente l’élite du football français. Malgré cela, il est loin d’être l’un des joueurs du continent les plus connus. Son chemin ressemble à celui de beaucoup de jeunes footballeurs africains. Né le 13 octobre 1979, il suit sa famille au Havre (France). Adolescent, il fréquente pendant quatre ans le centre de formation du grand club local. Puis décide de « tout laisser tomber ». Il veut gagner sa vie pour ne pas dépendre de ses parents qui travaillent dur pour élever ses sept frères et soeurs. C’est dans un supermarché de Troyes que vient le chercher Carlos Lopez, le responsable de la formation à l’ESTAC, le club de la ville. Il le place d’abord en Division d’honneur à Saint-André-Les-Vergers. Niang s’y refait une santé « footballistique » avant d’être orienté vers la réserve pro du FC Metz. Il refait son apprentissage pendant six mois avant de retourner à l’ESTAC, où il n’est pas toujours titulaire. En 2002, le voilà de nouveau en Lorraine. Associé au Togolais Emmanuel Adebayor, il fait un malheur et contribue à la remontée du club messin en Ligue I. Mars 2002, il décroche sa première sélection avec les Lions du Sénégal, face à la Bolivie (2-1). Bruno Metsu ne le retient pas pour le Mondial asiatique. Sous contrat avec Troyes jusqu’en 2006, Niang est, en juillet 2003, transféré au Racing Club de Strasbourg. Associé au Serbe Danijel Ljuboja, il engrange les buts et voit sa cote grimper. « Mamadou, dit son entraîneur Antoine Kombouaré, est puissant et adore les appels en profondeur. C’est un dévoreur d’espace ».

Frédéric Kanouté
Mali (attaquant)
En choisissant de répondre positivement à l’appel du Mali et de défendre les couleurs du pays d’origine de ses parents, Frédéric Kanouté s’est engouffré dans la brèche ouverte par la modification du règlement de la Fifa sur les binationaux. Car le prolifique attaquant du club anglais de Tottenham, auteur de 12 buts en 14 titularisations cette saison, a déjà revêtu le maillot d’une autre sélection nationale : la France, son pays natal. Certes, c’était en équipe espoirs (- de 23 ans) et Kanouté, aujourd’hui 26 ans, a ensuite été oublié par les entraîneurs successifs des Bleus. Pour le Mali, demi-finaliste de la CAN 2002, sa venue constitue un renfort inestimable. Révélé au cours de son passage à Lyon, entre 1997 et 2000, « Fredie » a enchaîné trois saisons à West Ham United, en Angleterre, où il a conquis le coeur des supporteurs des Hammers et marqué la bagatelle de 33 buts, avant d’être transféré à Tottenham. Contrarié par une décision à laquelle il ne s’attendait pas, le club des Spurs a voulu engager un bras de fer avec le joueur. Kanouté, pas déstabilisé par l’épisode, a cloué le bec à ses détracteurs le 3 janvier en signant un triplé en Cup contre Crystal Palace, avant de partir en stage avec ses nouveaux coéquipiers du Mali…

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