Masaharu Kono

Le « monsieur Afrique » du Japon

Publié le 12 janvier 2004 Lecture : 3 minutes.

Masaharu Kono est directeur général des affaires d’Afrique subsaharienne. L’archipel, qui a consacré 12 milliards de dollars à l’aide à l’Afrique ces dix dernières années, est l’un des partenaires majeurs du continent. En septembre 2003, la tenue de la IIIe Ticad (Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique) a permis de donner un nouvel élan à cette coopération. Le Premier ministre nippon Junichiro Koizumi, qui a depuis été reconduit dans ses fonctions après les législatives du 9 novembre 2003, a en effet annoncé aux conférenciers un ambitieux train de nouvelles mesures : une aide supplémentaire de 1 milliard de dollars, et une réduction de la dette de 3 milliards de dollars au profit des pays les plus pauvres. Un effort méritoire.

Jeune Afrique/l’intelligent : Peut-on avoir des précisions sur les mesures annoncées par le Premier ministre Koizumi pendant la Ticad III ?
Masaharu Kono : Ces mesures avaient pour objectif de réaffirmer la solidité de notre engagement pour l’Afrique. Les sommes évoquées iront d’abord à des projets dans les domaines de l’eau, de l’éducation, de la santé ou de l’agriculture, prioritaires pour la coopération japonaise. Une partie des fonds sera confiée à des organsations partenaires, internationales ou régionales, une autre ira directement à des projets bien identifiés. Tous les arbitrages n’ont pas été rendus, car le programme en question s’étend sur cinq ans…
J.A.I. : Quel bilan tirez-vous de la Ticad III ?
M.K. : Cette réunion a permis un dialogue franc et approfondi. En particulier, nous avons noté l’attention extrême que portaient nos partenaires africains aux questions touchant au commerce international après l’échec du sommet de l’OMC à Cancún. Notre ambition était aussi de réaffirmer un consensus international autour du soutien au processus du Nepad, le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique, et il me semble que l’objectif a été atteint. La Ticad III a permis la relance et la promotion du Nepad, car tous les donateurs importants étaient présents à Tokyo. La réunion a également réussi à impliquer davantage les pays asiatiques dans ce processus. Cela va ouvrir de nouvelles possibilités de coopération Sud-Sud. Toutes ces idées ont avancé, et de nouvelles ont surgi, par exemple le renforcement du partenariat entre les secteurs privés d’Afrique et d’Asie. Un forum des affaires réunissant les privés des deux continents devrait se tenir d’ici à la fin de cette année 2004.
J.A.I. : Les Africains sont nombreux à penser que les choses se mettent en place trop lentement s’agissant du Nepad…
M.K. : Le Nepad est un processus compliqué, donc forcément un peu lent, car il faut mobiliser tous les acteurs, bailleurs, bénéficiaires, partenaires, les faire se rencontrer, coordonner les actions, et créer ensuite du consensus. La Ticad III a donné une nouvelle impulsion à cette dynamique, qui a trouvé un prolongement à la réunion de Paris, en novembre 2003, où les questions financières ont été abordées. Un autre round de discussions est prévu à Maputo, au Mozambique, dans le cadre de la présidence de l’Union africaine qu’assure ce pays. La mise en oeuvre du Nepad est débattue dans un grand nombre de cercles, et, de l’extérieur, cela peut donner l’impression d’une certaine dispersion, mais en réalité il faut voir cette multitude d’enceintes un peu comme des supermarchés dans lesquels les participants piocheraient les idées les plus pertinentes. Plus il y aura d’agitation autour du Nepad, mieux ce sera.
J.A.I. : Les entreprises japonaises semblent encore réticentes à s’engager vraiment en Afrique…
M.K. : Certes, et il ne faut pas nier les difficultés, comme le manque de transparence, la nécessité de l’État de droit, d’une justice impartiale, etc. L’Afrique fait des progrès et a encore des progrès à accomplir. Mais on trouve aussi de belles success stories, qu’il conviendrait de mieux populariser : la réussite du projet Mozal, le conglomérat géant d’aluminium au Mozambique, montre que la rentabilité peut être au rendez-vous même dans un pays très pauvre. Autre exemple : la présence massive des entreprises automobiles japonaises en Afrique.

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