Maroc, pays de cocagne ?

Publié le 13 janvier 2004 Lecture : 1 minute.

A l’heure des premiers bilans, que dire de l’économie marocaine en 1964 ? Apparemment, elle ne tourne pas trop mal. Les moissons ont été bonnes : 31 millions de quintaux pour le blé, l’orge et le maïs. Les vendanges excellentes : 2 500 000 hl de vin, chiffre qui n’a été dépassé qu’une seule fois. La production exportable d’agrumes dépasse de 30 % celle de la dernière campagne. L’industrie, d’une manière générale, a marché à un rythme élevé. La situation dans les mines est meilleure. Les ventes de phosphates ont encore progressé ; les cours du plomb, du zinc, du manganèse se sont améliorés. Jamais, depuis
dix ans, on n’a autant construit au Maroc qu’en 1963.
Le mouvement touristique est en progression. Le nombre de touristes a augmenté de 25 % par rapport à 1962. De nouveaux hôtels, des camps de vacances, des stations sont nés.

Alors tout va bien, direz-vous : c’est le pays de cocagne. Malheureusement non, car il y a quelques ombres. D’abord, le Maroc vit au-dessus de ses moyens. L’État emprunte beaucoup trop. L’inflation est inquiétante. Les investissements privés sont toujours
aussi timorés, alors que les ressources potentielles existent. Les Marocains continuent à placer leur argent dans la pierre ou le mouton, ignorant la Bourse et l’industrie. Quant aux Européens, ils se « bloquent » sur les rumeurs concernant la marocanisation du commerce et de l’industrie Les prix continuent de monter. Aucun relèvement officiel de salaire n’est intervenu. Certes, les industriels et les commerçants qui le pouvaient les ont rajustés, mais les agents de la fonction publique sont restés au même niveau. Surtout, le décalage entre les salariés et l’immense masse des chômeurs et sous-employés devient souvent dramatique. On ne doit jamais oublier, enfin, qu’avec un taux d’accroissement démographique qui dépasse 3,2 % par an, ce sont 400 000 enfants qui naissent chaque année. Aussi bien doté soit-il, et même dans ses meilleures années de récolte céréalière, le Maroc n’arrive pas à nourrir sa population.

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