L’Égypte, l’Amérique et les droits de l’homme

Publié le 12 janvier 2004 Lecture : 2 minutes.

La libération, au mois de novembre, de plusieurs centaines de prisonniers politiques égyptiens a constitué une agréable surprise. Hélas ! des milliers d’autres sont toujours
derrière les barreaux. L’un d’eux, Ashraf Ibrahim, un ingénieur qui s’est opposé à la guerre américaine en Irak, est actuellement jugé par un tribunal d’exception. Il est accusé d’avoir transmis de « fausses informations à des organisations étrangères de défense des droits de l’homme ». Cette parodie de procès le confirme : en la matière, Le Caire continue de faire un pas en avant et deux pas en arrière.
Lors de l’appel qu’il a récemment lancé en faveur des réformes au Moyen-Orient, le président Bush a estimé que l’Égypte, qui a naguère ouvert le chemin de la paix avec
Israël, doit maintenant donner l’exemple en matière de démocratisation. Il avait naturellement raison, à ceci près qu’il est vain de prétendre imposer des transformations en Égypte et ailleurs sans un changement de cap de la politique américaine. Les États-Unis doivent cesser de soutenir des autocrates et fermer les yeux sur leurs exactions
sous le seul prétexte qu’ils sont proaméricains. Pourquoi, lors de son récent voyage en Afrique du Nord, le secrétaire d’État Colin Powell a-t-il multiplié les beaux discours
sans évoquer une seule fois les politiques parfois répressives menées par ses hôtes ? Ce qu’il faut, c’est une défense énergique des droits de l’homme, un soutien renforcé à la société civile et des programmes de développement du type échanges universitaires.
Pour encourager une telle évolution dans la région, l’administration Bush a engagé, l’an dernier, 100 millions de dollars. L’effort est méritoire, mais encore insuffisant. Le sénateur démocrate Patrick Leahy a été bien inspiré de proposer que, sur cette somme, 1 million de dollars soient affectés à diverses organisations égyptiennes comme le centre
Ibn-Khaldoun pour les études de développement. Ce centre est dirigé par Saad Eddin Ibrahim, un opposant libéré de prison au début de l’année 2003. Il y avait été envoyé par ce même tribunal d’exception qui juge en ce moment Ashraf Ibrahim, mais sa condamnation a été annulée en appel.
L’évolution de la situation en Égypte n’incite guère à l’optimisme. Récemment, le gouvernement Moubarak a retiré leur habilitation à plusieurs organisations non gouvernementales jugées trop à gauche. Il a promis d’abolir les tribunaux d’exception, mais n’a fait qu’un tout petit pas dans cette direction. Il s’est engagé à créer un Conseil des droits de l’homme, mais on attend toujours… À 75 ans dont vingt au pouvoir , le chef de l’État fera-t-il en sorte que son successeur soit désigné de manière démocratique et moderne ? Apparemment, il semble bien décidé à imposer la candidature de Gamal, son fils. Les responsables américains octroient à l’Égypte quelque 2 milliards de dollars par an. Mais que font-ils pour mettre un terme à ces abus de pouvoir ?

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