Les trois vies de Pierre Messmer

L’ancien Premier ministre publie un livre d’entretiens.

Publié le 12 janvier 2004 Lecture : 2 minutes.

Au début, la voix était nue. Elle racontait les trois vies de Pierre Messmer. La vie du soldat de la France libre. Celle du « colonial », gouverneur de la France d’outre-mer. Celle de l’homme politique, ministre des Armées pendant la guerre d’Algérie, puis Premier ministre de Georges Pompidou de 1972 à 1974. Aujourd’hui, cette série d’entretiens radiodiffusés sur France Culture en 1997 paraît sous forme de livre, enrichie de nouveaux dialogues réalisés en 2001 et 2002 avec le même journaliste, Philippe de Saint-Robert. À cet égard, d’ailleurs, le passage sur le projet de Constitution européenne dont Valéry Giscard d’Estaing est le promoteur ne manque pas de sel. L’ancien président, élu entretemps à l’Académie française, avait saisi cette vénérable institution de l’examen du texte. Bilan : six cents corrections suggérées, coquilles comprises. Commentaire amusé de Pierre Messmer, qui fait lui-même partie des Immortels : « J’ai l’impression que M. Giscard d’Estaing avait parfaitement conscience de [sa] mauvaise qualité. » Mais les considérations ne sont pas uniquement d’ordre sémantique. Sur le fond, le jugement de l’ancien Premier ministre est sans appel : le nombre trop élevé des pays membres risque d’entraîner une paralysie des institutions de l’Union européenne ; cette dernière s’achemine vers un modèle fédéral, dépossédant les États membres de leur souveraineté.
De la bataille d’el-Alamein à la campagne de Syrie, de son parachutage en Indochine à son départ de Dakar, Pierre Messmer n’a pas varié. Exigeant envers la France, dont il dissèque les faiblesses (l’insuffisante modernisation de son armée, l’échec du passage de la conscription à l’armée de métier, une réforme qu’il approuve pourtant…). Modeste, lui qui renonça, à la mort de Pompidou, à se porter candidat à la présidence : « Depuis le début de ma vie active, j’avais toujours eu conscience de dominer ma fonction, petite ou grande. […] Pour la première fois depuis mon entrée à Matignon, je n’étais plus sûr de moi et devais me poser la question : « Serais-je capable d’être président de la République ? » » Mais il conclut : « Après ce que j’ai vu depuis, je pense que mes scrupules étaient excessifs. » Malicieux, en sa sagesse !

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