L’essentiel n’est plus seulement de participer

Publié le 12 janvier 2004 Lecture : 2 minutes.

Il en sera donc ainsi de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) à partir de l’édition 2006, en Égypte : elle sera, une fois sur deux, à l’échelle du continent, une sorte de répétition générale de la Coupe du monde. Les phases éliminatoires de celle-ci serviront
de tickets d’accès à celle-là. Et vice versa. Tous les quatre ans, les deux compétitions
feront route commune, et les cinq équipes qualifiées à la messe mondiale du foot pourront
compter sur une cagnotte autrement plus importante que celle dont est gratifié le vainqueur de l’épreuve continentale. Selon Mohamed Iya, président de la Fédération camerounaise de football, les Lions indomptables n’ont ainsi reçu que 320 000 dollars (252 500 euros) pour leur victoire lors de la CAN 2002, au Mali. La même année, après un seul tour (trois matchs) à l’édition asiatique de la Coupe du monde, ils sont retournés au pays avec 3,03 millions d’euros. Le Sénégal, qui y a disputé les quarts de finale, a lui eu droit à 5,33 millions d’euros

Du simple point de vue du tiroir-caisse, il n’y a pas photo : une CAN sur deux va hériter
du label peu envié de « CAN au rabais » : celle qui n’aura pas d’enjeu mondial. Une pour la seule Afrique. Une autre, plus prestigieuse, pour l’Afrique et le reste de la planète viendra creuser davantage le fossé entre l’élite et la base du football continental. À l’arrivée, une Confédération africaine de football (CAF) menacée de schizophrénie à force de chercher à organiser une double version d’une même épreuve, déjà financièrement moins nantie que la Coupe des champions, qui offre environ 950 000 dollars au club vainqueur.
Le président en exercice de la CAF, le Camerounais Issa Hayatou, le sait. Il entend pourtant préserver une CAN à double détente pour, à l’en croire, donner tous les deux ans au pays hôte l’occasion d’améliorer ses infrastructures sportives et lui permettre d’offrir à ses jeunes de bonnes conditions d’épanouissement sportif. C’est du moins ce qu’il oppose à certains de ceux qui militent pour une CAN tous les quatre ans : joueurs professionnels dont la plupart évoluent dans les championnats d’Europe, encadrement technique de leurs clubs employeurs respectifs et autres dirigeants de grandes écuries…

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Mais comment harmoniser les calendriers, concilier les intérêts des organisateurs, des techniciens et des joueurs dont l’avenir professionnel dépend de leurs performances sur le terrain ? La solution n’est pas simple ; elle n’est pas que sportive, car l’essentiel n’est pas seulement de participer. Il est surtout dans l’enjeu financier. Puisque de
nos jours, contrairement à l’adage, ballon qui roule doit amasser mousse. Beaucoup de
mousse pour répondre aux exigences d’un sport de plus en plus dispendieux. Tout coûte
cher : les infrastructures, les joueurs, les techniciens, l’organisation même des
compétitions… La Tunisie, déjà bien mieux équipée que beaucoup d’autres pays du
continent, a dû consentir un budget de quelque 20 millions de dollars pour accueillir
cette 24e édition de la CAN, la dernière dont la phase éliminatoire ne va pas octroyer leur billet aux cinq représentants africains à la Coupe du monde.

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