Les 120 jours de Konaré

Publié le 12 janvier 2004 Lecture : 2 minutes.

Quelque 7 000 minutes d’entretiens au siège de la Commission de l’Union africaine (UA) ou à l’hôtel de chefs d’État en visite à Addis-Abeba, plus de 200 audiences accordées à des personnalités diverses (ministres, fonctionnaires des Nations unies, ambassadeurs, représentants de la société civile…). Alpha Oumar Konaré, qui passe jusqu’à onze heures d’affilée tous les jours à son bureau, n’a pas chômé depuis sa prise de fonctions en tant que président de la Commission de l’UA, le 19 septembre 2003. À ces entretiens viennent s’ajouter les entrevues avec des dignitaires étrangers, hors d’Éthiopie.

Car – ce n’est pas un secret – l’ancien chef de l’État malien (1992-2002) est loin d’être un sédentaire. Ces derniers mois, l’historien reconverti en diplomate a beaucoup voyagé. New York, Tokyo, Le Caire, Brazzaville, Khartoum, Bujumbura, Kigali, Johannesburg, Paris, Genève, Luanda, Tripoli, Abidjan, sans oublier une brève escale à Bamako, à l’occasion des fêtes de fin d’année. Depuis plusieurs mois, il n’a que deux mots à la bouche : « programme », « méthode ». Pour se faire une idée plus précise des difficultés qui l’attendent au cours des années à venir, il a prêté oreille aux avis et conseils de personnalités venues d’horizons divers : Abdou Diouf, ancien président sénégalais et actuel secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie ; Ellen Johnson-Sirleaf, ancien directeur Afrique du Programme des Nations unies pour le développement, à New York ; Edem Kodjo, ex-secrétaire général de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), un de ceux qui connaissent le mieux la bureaucratie panafricaine ; Charles Konan Banny, gouverneur de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest. Mais aussi de nombreux opérateurs économiques, des responsables d’ONG, des patrons de presse, des intellectuels…

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En septembre, octobre et novembre 2003, la Commission, dont deux membres (sur dix) manquent encore à l’appel, a organisé des journées de brainstorming, notamment pour arrêter les grandes lignes d’un programme quadriennal qui sera soumis au prochain sommet des chefs d’État, prévu en juillet 2004, à Addis-Abeba. Mais, d’ores et déjà, Konaré prépare, avec le style volontariste qu’on lui connaît, un document « de vision » et une « esquisse stratégique » qu’il compte soumettre aux instances dirigeantes de l’Union en mars.
Le VRP de l’intégration africaine travaille par ailleurs à l’entrée en vigueur, en cours d’année, du Parlement africain, du Conseil économique, social et culturel, du Conseil de paix et de sécurité, ainsi que de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples. Et, comme il fallait s’y attendre, à organisation nouvelle, équipe nouvelle. Une bonne vingtaine de postes de directeurs et de chefs de division sont, jusqu’à la fin janvier, ouverts à la compétition. Chantre de la parité hommes-femmes, Konaré, qui plaide aussi pour la création d’un passeport africain, espère que la procédure de recrutement en cours (la Commission avait reçu, début janvier, quelque deux mille dossiers) permettra de propulser un grand nombre de femmes « compétentes » à des postes de responsabilité dans une organisation qui, décidément, entend tourner le dos à la défunte OUA.

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