La règle du jeu

Publié le 12 janvier 2004 Lecture : 2 minutes.

La plupart des stars du football africain seront au rendez-vous de la 24e Coupe d’Afrique des nations (CAN), dont le coup d’envoi sera donné le 24 janvier au stade de Radès, dans la banlieue de Tunis. La plupart, mais pas toutes. Certaines font les frais de l’éclipse – qu’on veut croire passagère – de leur équipe nationale, incapable de se qualifier pour la phase finale de la compétition (Côte d’Ivoire, Ghana) : rien à dire. Mais d’autres grands joueurs, comme le Nigérian Obafemi Martins (Inter de Milan), sont confrontés au refus de leurs employeurs de leur délivrer une « autorisation de sortie » pour participer à ces joutes africaines. Certains « altermondialistes » s’en indignent et dénoncent le « néocolonialisme » des grands clubs européens. La démagogie n’est pas loin.
Qu’on le veuille ou non, le football est désormais une annexe du show business. Tout le monde se réjouit que des joueurs africains chaque année plus nombreux participent à ce grand cirque que sont devenus les championnats espagnol, anglais, italien ou français. Encore faut-il accepter les règles du jeu et admettre que les vertigineux salaires versés par les clubs donnent des droits à ceux-ci. Certains joueurs – pas tous, bien sûr – ne manifestent d’ailleurs qu’un enthousiasme bien tempéré à l’idée de participer à une compétition dont le prestige ne saurait se comparer à celui de la Coupe du monde ou de la Coupe d’Europe. Il faut les comprendre : pour eux, le manque à gagner est considérable. En leur absence, ils ne touchent ni salaire ni prime de match et s’exposent à perdre leur place de titulaire au sein de leurs équipes respectives, tant la concurrence est aujourd’hui féroce. Et ne parlons même pas des risques de blessure !

Qu’un club comme Tottenham Hotspurs répugne, alors que le championnat anglais bat son plein, à libérer Frédéric Kanouté, son attaquant vedette, se conçoit : lorsqu’il a été recruté, celui-ci possédait la nationalité française et la question de sa participation à la CAN ne se posait pas. Or, quelques semaines avant le début de la compétition, le joueur a choisi d’intégrer l’équipe du Mali, pays d’origine de ses parents… Le cas de Francileudo Santos, l’attaquant brésilien du FC Sochaux (France), désormais tunisien, est à certains égards comparable.
Il n’est bien entendu pas question de laisser les clubs les plus riches (le fameux « G 14 ») dicter leur loi. Des garde-fous sont indispensables. De ce point de vue, la Fifa (la fédération internationale) a indiscutablement un rôle de régulation à jouer, et Joseph Blatter, son président, en est conscient. Les fédérations nationales africaines ne sont plus aussi pauvres que par le passé. Comme les autres, elles reçoivent désormais de l’instance dirigeante du foot mondial des subsides nullement négligeables. Pour disposer de tous leurs atouts lors de la CAN, il ne serait sans doute pas anormal qu’elles indemnisent raisonnablement les joueurs expatriés et leurs employeurs, ce qui se pratique d’ailleurs déjà, au coup par coup. S’opposer à la mondialisation du football est puéril. Il n’est guère d’autre solution que d’en canaliser les excès.

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